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Quelle oeuvre phare, traduite en plusieurs langues, nous laisse cette immense écrivaine! Des romans, surtout, de La belle bête (1959) et d’Une saison dans la vie d’Emmanuel (Prix Médicis, 1966) jusqu’aux onze livres du cycle de Soifs. On compte aussi des publications dans de nombreux genres (théâtre, poésie, essai).

Marie-Claire Blais était particulièrement à l’écoute de la différence. À l’avant-garde, elle écrit, dès la fin des années 60, au Québec, sur l’homosexualité. Toujours « en avance sur son époque, elle s’intéresse […] au racisme, aux luttes LGBTQ+, aux itinérants, aux opprimés de toutes sortes[1] ». Une « générosité infinie […], une compassion totale […], la littérature sert à ça », écrivait avec raison Élisabeth Nardout-Lafarge[2].

J’ai eu le privilège de rencontrer la grande Marie-Claire, invitée à recevoir un doctorat honorifique de l’Université Laval, son alma mater, en 2009. Des féministes comme Chantal Théry, Micheline Beauregard et Andrée Mercier étaient à la source de cet événement. Nous avons notamment parlé de destins et de défis; la vie et l’avenir de mes petits-enfants autistes l’intéressaient, la préoccupaient; son appui et ses propos confiants ne me quittent pas. Comme le soulignait Dany Laferrière, Marie-Claire Blais « ne s’est pas laissée distraire de la douleur du monde, même par [son] talent exceptionnel[3] ». Que son oeuvre de courage et de conviction soit lue aujourd’hui par la jeune génération comme celle d’une contemporaine[4] est une promesse féministe et humaine, un espoir pour l’art ainsi que pour l’influence de l’éthique et de l’engagement dans la société.

Marie-Claire Blais, merci de votre legs tout entier!