Mercredi dernier, je reçois une patiente chez qui j’ai excisé une lésion cutanée, pour laquelle je n’ai pas encore le résultat définitif de l’examen histopathologique. J’explique alors à la patiente que nous ne pouvons pour l’instant pas encore déterminer s’il s’agit d’une lésion bénigne ou maligne et que, dans ce deuxième cas, une reprise chirurgicale sera nécessaire. Il s’ensuit une discussion sur les possibilités diagnostiques, que je tente d’abréger, vu que nous n’avons pas les réponses. Le lendemain matin, c’est le téléphone du mari, qui veut absolument avoir les détails pour aller demander un deuxième avis, ceci avant d’avoir les résultats définitifs. A quoi cela nous ramène-t-il? Eh bien aux différentes informations qui nous parviennent quotidiennement: 10% des patients n’ont pas le traitement adéquat pour leur maladie. 30% des diagnostics sont faux, plus de 3000 personnes meurent dans nos hôpitaux suite à des erreurs médicales… sans compter les médecins qui gagnent des dizaines de millions pour faire des expertises, en général défavorables aux patients et qui poussent certains au suicide. Et ce mouvement est général. On nous tire dessus dans la presse, sur les réseaux sociaux, on met des notes aux médecins, on dénigre nos connaissances, notre travail, notre engagement, notre motivation et notre bonne foi. Ces annonces sont catastrophiques et nous empêchent de faire notre travail honnêtement et en toute conscience. Les patients sont totalement désécurisés, désemparés, perdent toute confiance dans leurs thérapeutes, confiance qui est pourtant indispensable pour parvenir à traiter correctement les malades. Cette crise, où l’on remet tout en question (cela concerne d’ailleurs aussi d’autres professions: enseignants, policiers, etc.), va finir par empoisonner l’ensemble de l’activité humaine.