Résumé
Illustré par des exemples portés par les chercheuses-marcheuses Aurélie Couvrat (création textile), Delphine Dejean (identité territoriale), Estelle Guerry (conception d’espace et lumière) et Lina Perdomo (design d’espace), l’ouvrage propose une découverte du design-couleur, vivifiante au regard de la conception actuelle et portée par des pratiques incarnées issues des arts plastiques et des arts appliqués.
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Sommaire
- Dépasser l’imaginaire industriel
- I. Dématérialiser : Société et chromaticités
- Consumérisme chromatique
- La couleur aujourd’hui
- L’industrie des préfabriqués
- Pensée de la moyenne
- Critique de la convergence
- II. Matérialiser : Structuration du design-couleur
- Vers une orientation pour le design-couleur
- Considérations sur la couleur
- Poïétiques chromatiques et designs
- III. Incarner : Marche chromatique design
- De la corporalité du designer
- Marche, démarche de création
- Produire par le voir
- « Rétroperception »
- IV. Marcher : Pratiques exploratoires
- La marche, entre arts et sciences de la vision
- La marche tinctoriale pour la création textile
- La marche comme culture dans l’industrie mexicaine
- La marche comme couleur-territoire
- V. Manifester : Exprimer la dimension chromatique
- Transfert de terrain
- De la rêverie à concrétiser
- Forme chromatique expressive
- Savoir-colorer et résonance
- Conclusion
- Bibliographie
- Table des matières
Dépasser l’imaginaire industriel
Pourquoi y-a-t-il autant de designers dans nos vies contemporaines ? Possiblement car la société actuelle et industrielle a besoin de penseur-créateur ? Or penser, dans le champ de la création, c’est d’abord redéfinir son temps. Pour concevoir juste, il est essentiel de créer des relations avec l’environnement dans lequel on vit, de s’immerger de lui, de comprendre comment il nous a construit et comment, parfois, nous devrions nous en déconstruire. Cette mise en lien est indispensable en ce que nous y trouvons la motivation d’agir et l’inspiration pour créer. En retour, nous nous laissons toucher et marquer par cet environnement social, culturel, politique, écologique, économique… pour concevoir et créer des artefacts du monde.
Le penseur-créateur, designer-couleur ou coloriste-designer1, est un individu exerçant dans les secteurs de la création en partant du médium chromatique. Opérant au plus proche des industries de nos sociétés contemporaines2, il développe sa démarche en créant des temporalités spécifiques, celles de l’imprégnation, de la prise d’inspiration, des « souffles » ←11 | 12→favorisant l’innovation et mieux encore, l’invention. Son approche de la conception est fondée sur le dialogue toujours naissant entre Art et production, tel un bavard à l’écoute de ce qui l’entoure pour s’exprimer avec. Mais il est aussi un créateur silencieux, isolant de cet environnement3 multiple une sensation, finalement une interprétation qu’il tentera de traduire en projet de coloration. Ouvrant ainsi son être à la société actuelle et industrielle pour créer avec et pour créer dedans, le coloriste-designer est encore un veilleur-passeur usant de son corps, de son regard, de ses connaissances pratiques et théoriques pour relever, mesurer, concevoir ou créer, en tentant toujours « de prendre en compte le caractère incarné et intéressé de la connaissance, qui est la marque de l’activité des penseurs effectifs, lesquels sont toujours en situation »4. En cela, il intègre l’environnement sociétal mais en le considérant, selon ses différentes analyses, comme un paysage temporalisé et original, c’est-à-dire animé, vivant, mouvant, sain ou malade… tel un « terreau » susceptible de porter des valeurs qui seront, par la suite incarnées en objets, en services, en outils, en visions chromatiques. Cette position de penseur-créateur, de designer-couleur ou de coloriste-designer se reconnaît aujourd’hui parmi les artistes, mais aussi les créateurs ou les créatifs, parmi les constructeurs d’histoires travaillant pour les activités marchandes tels des faiseurs de mondes qui fécondent la production et ce, à une période particulière et ←12 | 13→généralement, pour un moment seulement. Ce n’est donc qu’en position d’ouverture dialogique à la société actuelle et industrielle que le terme design prend ici sens, mais ce n’est encore qu’en position de connexions quotidiennes au monde que le projet chromatique donne ici naissance.
Cependant, comment définir aujourd’hui une approche design qui défend l’idée de prise de temps et d’imprégnation au regard de l’environnement consumériste actuel ? Comment différencier parmi les artistes, les créateurs et les créatifs, ceux qui résistent à l’accélération du monde ?
Design et société
En 2012, lors d’une conférence à l’Université Friedrich-Schiller d’Iéna (Allemagne), le philosophe Hartmut Rosa présente de façon condensée les dix thèses qui caractérisent, selon lui, la modernité. L’une d’elles concerne l’idée d’accélération :
« La caractéristique des sociétés modernes est de ne pouvoir se stabiliser que de manière dynamique, ce qui signifie qu’elles ont en permanence besoin de croissance, d’accélération et de condensation de l’innovation pour maintenir, selon les cas, leur structure ou le statu quo. Cette contrainte d’augmentation a des conséquences sur le mode de vie, l’orientation de l’existence et l’expérience vitale des sujets »5.
En 1971, Victor Papanek, designer de métier et penseur sur les métiers du design, remet en cause la discipline au regard du consumérisme qui s’exerce outre-Atlantique :
« Au siècle de la production de masse, où tout doit être planifié et étudié, le design est devenu « un outil à modeler les outils » qui permet à l’homme de transformer son environnement et, par extension, sa personne. Cela exige de la part du design un sens aigu des responsabilités morales et sociales, et une connaissance plus approfondie de l’homme ; le public, quant à lui, doit parvenir à une perception plus fine du processus de design. Jamais aucun livre n’a traité de la responsabilité du design ni de cette conception du public »6.
Résumé des informations
- Pages
- 232
- Année
- 2022
- ISBN (PDF)
- 9782807619685
- ISBN (ePUB)
- 9782807619692
- ISBN (MOBI)
- 9782807619708
- ISBN (Broché)
- 9782807619678
- DOI
- 10.3726/b18779
- Langue
- français
- Date de parution
- 2022 (Avril)
- Published
- Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 232 p., 6 ill. en couleurs.
