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Trois âges du mariage en un siècle

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Fait partie d'un numéro thématique : Les générations
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TROIS AGES DU MARIAGE EN UN SIÈCLE

Martine Sauzay

Le mariage aussi serait-il sensible à l'effet de génération ? Sagesse d'établissement, amour fou puis association rai- sonnée, son parcours du siècle va de Paul Bourget à Françoise Dorin. A moins que le sentiment n'ait discrètement suivi tout au long son propre chemin...

« ""I ] n 1988, l'image de la réussite est I— | celle d'un couple dans la quaran-

_Ë_—itaine et doté d'enfants ». Telle était, présentée comme une évidence, une des conclusions de l'enquête menée tout récemment par le journal L'Express. Peut- on dire pour autant que le couple est le lieu par excellence de la reproduction pure et simple des modèles sociaux ? La constance de l'endogamie, la montée de l'homogamie liée à la présence croissante des femmes dans la vie active, observables à tous les niveaux quel que soit le statut matrimonial du couple, pourrait confirmer cette impression. Ce serait pourtant ignorer les données, bien connues, de la statistique et la révolution observée depuis vingt ans par les démographes. S'agisT sant des couples, il est difficile aujourd'hui de mettre l'accent sur la continuité. Tout se passe en effet, comme si, à la fin des années 1960, tous les indicateurs s'affolent, tous les clignotants s'allument pour signaler un phénomène nouveau.

Le plus connu est sans doute la faiblesse du nombre des naissances, aujourd'hui comparable seulement à ce qu'elle a été

durant les guerres de 1914 et 1940. Le fait que la position de la France à cet égard soit plus favorable que celle de presque tous les pays européens ne masque pas cette réalité. L'âge moyen au mariage n'ayant guère évolué, le phénomène s'explique sans doute par la généralisation de la contraception et l'entrée massive des femmes dans la vie active. Plus surprenante est la chute du nombre des mariages : 416 000 en 1972, 300 000 en 1983, 266 000 en 1987 ; le recul est continu. Alors qu'autrefois les paysans pauvres formaient le gros des célibataires, aujourd'hui le mariage est malaisé (c'est ce que confirment les agences matrimoniales) à la fois pour les femmes en haut de l'échelle sociale et pour les hommes en bas de cette même échelle, mais un nouveau modèle de célibat tend à se répandre : il affecte surtout les classes aisées, ayant un bon niveau d'éducation, habitant Paris ou les grandes villes, et joue donc un rôle d'entraînement. De fait, le dernier recensement, de 1982, a révélé l'énorme augmentation des ménages d'une personne : une sur quatre en France vit seule, près d'une sur deux à Paris ! De plus en plus, les temps de transit entre deux moments de vie commune se multiplient et s'allongent. Mais, plus que le célibat et la solitude, c'est l'union libre qui fait recette. En 1982, 809 000 couples ont déclaré vivre ainsi : Paris compte trente unions libres pour cent couples. L'espérance de vie commune, passée de 18 ans au 18e siècle à 45 ans de

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