Plan

Chargement...
Couverture fascicule

Les incorporés de force alsaciens

[article]

Déni, convocation et provocation de la mémoire

Année 1985 6 pp. 83-102
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 83

LES INCORPORES DE FORCE ALSACIENS

DÉNI, CONVOCATION ET PROVOCATION DE LA MÉMOIRE Geneviève Herberich-Marx, Freddy Raphaël

« Mon grand-père français a été fait prisonnier par les Prussiens en 1870 ; mon père allemand a été fait prisonnier par les Français en 1918 ; moi, Français, j'ai été fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, puis enrôlé de force dans la Wehrmacht en 1943, j'ai été fait prisonnier par les Russes en 1945. Voyez- vous, Monsieur, nous avons un sens de l'histoire très particulier. Nous sommes toujours du mauvais côté de l'histoire, systématiquement : les guerres, nous les avons toujours terminées dans l'uniforme du prisonnier, c'est notre seul uniforme permanent. ! »

Les incorporés de force alsaciens sont des « soldats honteux », qui ont fini la guerre sous l'uniforme du vaincu, et qui portent les stigmates physiques et psychiques de l'internement dans les camps russes. Le retour des survivants s'est échelonné de 1945 à 1955, dix années durant. Bien souvent, les proches n'ont pas accepté l'idée de la mort de l'un des leurs, et le travail de deuil n'a pu se faire. On assiste présentement au « retour du refoulé ». Le tabou est transgressé, mais sur le mode de l'amertume revendicatrice et de l'affirmation d'un particularisme ombrageux. Se sentant incompris et mal aimés, nombre de « Malgré-nous », constatant que près

1. Mémoires d'un mineur lorrain, recueillies par Jean Hurstel.

de quarante ans après la fin de la guerre ils ne s'apprêtent à percevoir qu'un modeste dédommagement matériel, dénoncent la fiction d'un combat pour la France qui les a « lâchés ». Ils affirment que leur aventure est dénuée de sens, et que leurs camarades sont morts « pour rien ». C'en est fini d'une histoire una- nimiste, au patriotisme trop affiché, trop appuyé, celle qu'ont entretenue la plupart des historiens de l'Alsace contemporaine. En fait, une mémoire souterraine était à l'œuvre, qui affleurait en de brusques sursauts exacerbés, à des moments de crise : procès à Bordeaux, en 1953, des Alsaciens incorporés de force dans la division SS « Das Reich » responsable du massacre d'Oradour ; marchandages non tenus entre dirigeants français et dirigeants allemands ; publication en mars 1984 d'un ouvrage de Patrick Meney, Les mains coupées de la Taïga (La Table ronde), qui relance l'espoir, en suggérant la présence possible de centaines de prisonniers français dans le camps russes.

L'amertume des Malgré-nous n'a d'égale que celle des résistants et déportés, témoins gênants, dont on essaye de banaliser l'engagement. Certains vont même jusqu'à leur reprocher d'avoir mis en danger les leurs et les accuser d'avoir obéi à des motifs intéressés.

Etant donné que le retour des incorporés de force s'échelonne sur des années, et que l'un d'entre eux n'est rentré qu'en 1955, soit dix ans après la fin des

83

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw