LES TROMPETTES DE LA RENOMMEE
Après un séjour d'un an en France, le jeune Thomas Coke (17 juin 1714 - 29 avril 1759), futur comte de Leicester et bâtisseur de Holkham Hall (Norfolk), poursuit son Grand Voyage culturel en Italie. Il a alors seize ans et demi.
C'est le 7 février 1714 qu'il parvient à Rome dont il partira le 6 juin pour faire un périple de trois mois en Italie du nord avec William Kent (1685-1748). * Ce dernier résidait à Rome depuis mai 1710 afin de perfectionner sa formation picturale. Ils s'étaient sûrement rencontrés dès le mois de février dans les ateliers de peintres en vogue, tels Benedetto Luti (1666-1724), Giuseppe Chiari (1654-1727), Kent étant l'élève du premier et en partie du second. Quelques jours après son arrivée, T. Coke visite le palais Famèse le 18 février,2 puis ses jardins le 14 mai.3 Or, c'est dans cet édifice que Sébastien Conca (1684-1764), ancien élève du peintre napolitain Francesco Solimena (1657-1747), avait son studio depuis son installation à Rome en 1706.4 W. Kent mentionne Coke pour la première fois dans sa lettre du 16 mai 1714 à Burrell Massingberd, alors un de ses protecteurs depuis leur rencontre à Rome en 1711-12: "Here is one Mr. Coke a-buying a collection and has bespoke of six of the best painters a picture and one I am to do as big as the life."5
L'un de ces tableaux était le Numa Pompilius d'Andréa Procaccini (1671-1734), commandé le 15 mai 1714 comme le note l'intendant de Coke, Edward Jarrett, qui en régla le solde le 31 juillet 1716.6
De plus, l'architecture passionne le jeune homme. Grand lecteur depuis son enfance, il avait dû consulter dans la maison familiale à Holkham (alors Hill Hall) les livres légués par son ancêtre Chief Justice Coke. Celui-ci possédait une bibliothèque plus riche que celle de l'université de Cambridge. Peu de temps avant sa mort (3 septembre 1634), il en avait fait dresser le catalogue retrouvé à Holkham/ Dans la rubrique "Agriculture et architecture" figurent Delia Architectura de Leon-Battista Alberti, ainsi que les éditions de 1570, 1581 et 1616 des Quattro Libri de Palladio, frappées à ses armes.8 Riche de cet héritage, de ses dons, des goûts que ses voyages confirmaient, le jeune Thomas achète les instruments nécessaires et prend des leçons d'architecture9 avec "Signor Giacomo," de son vrai nom Giacomo Mariari, membre de l'équipe de dessinateurs en architecture de John Talman (1671-1726), artiste amateur, dessinateur et collectionneur, fils de William Talman (1650-1719), chargé de la transformation de Chatsworth pour le
