La philosophie comme thérapie, transformation de soi et style de vie chez Sénèque
Abstract :
1. Durant la période hellénistique, un aspect de la philosophie qui ne constituait nullement une nouveauté dans la pensée grecque, c’est-à-dire la fonction de direction spirituelle et de thérapie de l’âme 1, devint de plus en plus présent, au fur et à mesure qu’on reconnaissait à l’éthique la primauté en ce qui concerne le but même de la spéculation philosophique. Cette tendance était naturellement destinée à recevoir un accueil favorable à Rome, où son expression la plus cohérente se trouve justement dans l’oeuvre de Sénèque. L’heureuse définition d’Anne-Marie Guillemin, «Sénèque directeur d’âmes » 2 est acceptée aujourd’hui quasiment par la totalité des savants. Ses écrits sont des instruments d’éducation 3 et visent l’amélioration morale de son propre moi aussi bien que de
1. Cf. M. Nussbaum 1994, ouvrage stimulant, même s’il est un peu contraire au sens de l’histoire ; aussi J. Voelke 1993. 2. A. M. Guillemin 1952 ; 1953 ; 1954. 3. Cf. M. von Albrecht 2004 : «Instrument philosophischer Erziehung und Selbsterziehung » . Von Albrecht se réfère aux Epistulae morales, mais cette remarque peut être étendue à toute la production philosophique sénéquienne. Le titre du livre de von Albrecht résume
No 187-188, 2013, p. 200-221.