LA VOIRIE BORDELAISE AU
XIXe SIÈCLE
Sylvain SCHOONBAERT*
■ Programmés de longue date et réalisés parfois dans l'urgence, les travaux de percement de rues nouvelles ou d'alignement de rues anciennes ont été dépendants, tout au long du XIXe siècle, des intérêts des propriétaires et des décisions des conseils municipaux de Bordeaux. Les travaux de voirie étaient généralement retardés dans les périodes de crise et s'exécutaient souvent dans les moments prospères. Mais les municipalités, régulièrement confrontées aux mêmes obstacles financiers et privés, intervenaient avec plus ou moins de volonté et d'efficacité dans le développement de la ville. Il convient donc d'examiner à quels moments la modernisation du réseau des rues est devenue un enjeu de la politique locale et quels arguments ont alors pu légitimer l'intervention publique.
Prospérité privée et expropriation
Les rues créées à la fin de l'ancien Régime et au début du XIXe siècle tentaient de contrôler l'extension de la ville et de recentrer son développement dans un périmètre bien défini1. Les cours et les promenades aménagés par les intendants de Guyenne avaient en effet tendance à étendre la ville vers l'extérieur2. En application de la loi de 1807, l'ingénieur Pierrugues préconisa des réformes de voirie qui effrayèrent la municipalité3.
* Université de Paris XII, Vie Urbaine, CNRS, UMR LOUEST (7544)
83 Villes en parallèle / n °32-33-34 / 2001