AGRICULTURE DE RENTE ET DÉMOGRAPHIE DANS LE SUD-EST IVOIRIEN
Une économie villageoise assistée en milieu forestier péri-urbain
par Catherine Faussey-Domalain et Patrice Vimard*
Introduction
Dans les sociétés agricoles d'Afrique au sud du Sahara, le développement des systèmes de production repose essentiellement sur une évolution efficiente des formes de capture et d'exploitation de la main-d'œuvre1. En effet, de par la faiblesse des moyens de production (outillages à la technologie limitée, intrants chimiques peu employés...), l'énergie humaine demeure l'élément majeur du procès de production. Le fonctionnement de ces systèmes se révèle ainsi inséparable des mécanismes de la reproduction et de la mobilité de la force de travail, et donc de la dynamique des populations. Ainsi D. Delaunay a montré, lors d'une étude sur la moyenne vallée du Sénégal (1984), la structuration périodique des formations socio- économiques par les pratiques et les politiques de recrutement de la force de travail. Dans le même sens, l'observation d'une économie de plantation au sud-ouest du Togo a permis d'observer que la dépendance des cycles de vie démographique des différentes populations était en relation directe avec l'articulation des modalités de l'offre de travail et des rapports sociaux de production (Quesnel et Vimard, 1988).
Mais le paradoxe de ces dernières décennies est que les changements profonds qui ont affecté les modes d'exploitation de la main-d'œuvre
* orstom, Institut français de Recherche scientifique pour le Développement en Coopération. 1 . Les auteurs remercient Philippe Couty pour les remarques qu'il a bien voulu apporter à la lecture d'une version initiale de cet article ; ils demeurent les seuls responsables des propos développés ici.
Revue Tiers Monde, t. XXXII, n° 125, Janvier-Mars 1991