LES PEINTURES DU PALAIS DE MARI
PAR
ANDRÉ PARROT
Parmi les multiples trouvailles faites dans les ruines du Palais de Mari, les peintures murales constituent, malgré leur mutilation, un ensemble encore imposant et particulièrement précieux. La variété des éléments dégagés (des menus fragments ramassés dans les éboulis au grand panneau découvert in situ) atteste que le concours des artistes peintres fut largement mis à contribution pour décorer avec les ressources d'une technique déjà fort habile et les conceptions d'un talent souvent novateur, certains appartements, certaines cours ou pièces de réception de la demeure royale. C'est une chance étonnante que des documents aussi fragiles et si malmenés par la main des destructeurs antiques, voués ensuite aux ravages du temps, aient survécu à travers quatre millénaires. Le sol de Mésopotamie, avec ses pluies torrentielles pendant les mois d'hiver et ses terres imprégnées de salpêtre, est fatal aux peintures, puisque rien n'a été recueilli à Ashnunnak ou à Ur. La région du Moyen ou du Haut-Euphrate est une heureuse exception avec Til-Barsip ou Dura-Europos, mais si Mari apporte moins de documents, ceux-ci sont d'une antiquité infiniment plus haute, ce qui ajoute encore à leur importance, car grâce à eux, c'est un chapitre de l'histoire de l'art qui pourra s'écrire avec de nouveaux éléments.
Les peintures de Mari, avec leur tradition où nous discernerons deux courants étroitement mêlés, sont-elles à l'origine des grandes compositions qui se dérouleront plus tard, largement, sur les murs des palais assyriens? Se sont-elles inspirées du réalisme et de l'élégance de la civilisation Cretoise, ou bien, au contraire, cette dernière n'aurait-elle pas hérité quelques-uns des concepts mésopotamiens ? Car si l'on a pu rapprocher des fragments de vases ornés en relief, sortis d'Eridu, les pièces magnifiques recueillies à Haghia- Triada, en posant comme possible, sinon probable, un emprunt ornemental
Syria, XVIII. 41