SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 4-85
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Dominique Monjardet
A la recherche du travail policier
Aborder la recherche sociologique sur la police par l'analyse du travail policier est un parti fondé sur un refus. Refus de penser qu'une administration occupant plus de 115000 fonctionnaires puisse se résumer à la «fonction » que le politique lui prescrit ou que le sociologue lui assigne, qu'elle soit ainsi pure instrumentalité, transparente, et que l'on en sache tout avant de l'étudier. Au vrai ce refus a quelques fondements apparents dans la publicité que reçoivent les manifestations récurrentes des conflits larvés ou ouverts qui semblent opposer telles catégories de policiers entre elles, et laissent donc supposer que la fonction, ou tout au moins ses modalités de mise en œuvre, n'est pas si univoque que cela. Mais cette seule observation pourrait ne conduire qu'à décaler le même angle d'approche en substituant à l'identifica¬ tion de la fonction policière l'étude des conflits qui se déroulent dans l'institu¬ tion autour du même enjeu. Dans tous les cas le travail lui-même n'est pas problématique et ne requiert donc pas d'investigation particulière. Pour entreprendre celle-ci il faut postuler que même les institutions les plus chargées d'une valeur sociale centrale, qu'il s'agisse de la santé, de l'éducation, de la culture ou de la sécurité, les moins susceptibles donc d'être appréhendées par une production mesurable, une productivité, un rendement, incluent néan¬ moins une dimension productive : que le domaine du travail y a une épaisseur, une autonomie, et donc une pertinence et des effets propres autres que
Sociologie du travail. —
0038-0296/85/04 391 17/$ 3.70/ © Gauthier-Villars
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