Revue des sciences religieuses 79 n° 3 (2005), p. 400-407.
POUR NE PAS « MANQUER » LA FORMATION
Au terme des réflexions qui viennent de nous être proposées, et pour à la fois les prolonger et les relancer, je procéderai ainsi dans cette intervention conclusive qui m'a été demandée : tout d'abord, je ferai état de ma propre expérience en matière de formation ; ensuite, j'énoncerai quelques convictions et repères que, sur cette base, j'ai acquis ou me suis forgés en ce domaine ; je terminerai sur quelques suggestions autorisées par ce qui aura précédé.
1. Une expérience diversifiée
L'un des fruits de ma participation à vos réflexions sur la formation aura assurément été de me rendre plus conscient de son importance pour moi-même. Au titre certes de celle(s) dont il m'a été donné de bénéficier pour mon propre compte, mais plus encore en me donnant l'occasion de recenser les différentes manières selon lesquelles je me suis de fait trouvé moi-même impliqué, en divers contextes, dans des tâches de formation.
a) Comme enseignant universitaire
Au Grand Séminaire de Nantes d'abord, pendant six ans puis, durant vingt-six ans et sur un mode nécessairement plus académique, à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris (en particulier à travers ce qui a précédé et suivi la secousse de «mai 68 »), j'ai assisté en direct, et contribué pour ma part, à une grande mutation. Celle-ci a, on le sait, assez radicalement transformé la conception de l'enseignement universitaire tel que je l'avais moi-même vécu, entre autres dans les mêmes lieux, à l'époque de ma propre formation, quelques années seulement auparavant. Or précisément, on pourrait sans doute caractériser un tel changement par le passage d'une conception de la tâche universitaire qui privilégiait en elle l'aspect d'« enseignement (magistral) » à une autre qui, en fort contraste, s'est progressivement énoncée en termes de «formation».
Je dirais facilement que la différence me paraît s'être surtout traduite par une préoccupation effective et croissante, à travers toutes ces
