LA MORT DU JUSTE, ENTRÉE DANS LA PAIX

(Is., 57, 1-2)

Cette communication porte sur deux versets seulement d'Isaïe. Recherche ponctuelle, dont les résultats théologiques peuvent apparaître assez maigres mais dont l'intérêt est double au niveau du développement de la foi en une vie avec Dieu par-delà la mort.

D'une part, elle se propose d'éclairer l'une des voies encore bien obscures par lesquelles la pensée biblique a franchi le mur de la mort pour accéder à la perspective d'une vie post mortem.

D'autre part, ce texte constitue à n'en pas douter l'une des sources littéraires et théologiques de Sag., 3-5 où cette vie par-delà la mort est explicitement envisagée. On peut même se demander si Is., 57, 1-2 n'a pas fourni à l'auteur du livre de la Sagesse le schéma structurant son développement, sinon au plan littéraire, du moins au niveau des catégories de pensée, exploitant en particulier l'opposition du sort des justes et des impies sous le coup du jugement de Dieu.

Is., 57, 1-2 se présente donc comme le témoin d'une mutation importante et l'amorce d'un approfondissement. Il est certain que dans son développement midrashique, l'auteur de Sag., 3-5 a lu dans ce passage d'Isaïe un témoignage sur le sort final des justes, la mort étant vue comme l'entrée dans la paix. Mais cette interprétation correspond- elle au sens originel du texte dans le livre d'Isaïe ? La question est discutée. Le dernier commentaire en date, celui de P.-E. Bonnard, refuse de voir en Is., 57, 1-2 la moindre allusion à une paix dans la mort (1). Je me propose ici de montrer que l'interprétation de Sagesse