MYSTERE DE L'EUCHARISTIE ET MINISTERE DE LA PAROLE DANS L'ŒUVRE DE BOSSUET

Le deuxième dimanche du Carême aux Carmélites, en 1661, Bossuet prononce en présence de la reine, à Paris, son admirable sermon sur la Parole de Dieu (1) . L'orateur est déjà en pleine possession de ses moyens, même s'il n'a pas encore atteint ces sommets que constituent le Carême du Louvre (1662) et le Carême de Saint-Germain (1666). Il s'agit, en ce début de carême, de disposer les auditeurs à bien entendre « la sainte prédication ». Pour atteindre ce but, rien ne semble à Bossuet plus opportun et plus efficace que « d'approfondir... ce secret rapport entre le mystère de PEucharistie et le ministère de la Parole » (2). Toute son argumentation va donc se déployer (d'une façon assez lâche, il est vrai) autour de l'analogie qu'il découvre entre les deux mystères, l'Eucharistie et la Parole.

Si l'on considère que, jusque-là, rares ont été dans sa prédication les développements consacrés à l'Eucharistie, un tel parallèle est plutôt inattendu ; il restera d'ailleurs unique dans son œuvre, du moins sous une forme aussi élaborée. Bossuet y attache toutefois de l'importance car il le reprendra en 1665 pour le Carême de Saint-Thomas du Louvre et en 1670 dans un sermon aux nouveaux convertis (S). Par la suite, il reviendra également plus d'une fois sur l'un ou l'autre aspect de cet « admirable rapport », soulignant ainsi des aperçus non négligeables du mystère de l'Eucharistie. Quoi qu'il en soit, pour entrer de plain-