CHRONIQUE DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSE

Le mot qui vient aux lèvres avant tout autre en lisant l'étude de M. La- combe sur Pascal (1) est celui d'honnêteté. M. Lacombe s'est livré à un examen austère, minutieux, qui fait de son livre un répertoire très utile, bien qu'il soit dépourvu des fleurs de la rhétorique ou de la poésie. Et cet examen est multiple ; l'auteur assume plusieurs rôles : il se fait l'historien de Pascal et il s'en fait l'avocat ; mais il se fait aussi l'avocat de la partie adverse. Et il juge, avec beaucoup de nuances, avec non moins de fermeté. Le résultat est, en somme, un refus courtois et mesuré. M. Lacombe n'est pas convaincu par la démonstration pasealienne ; il reste incroyant, avec une visible nostalgie de la foi chrétienne. Non pas qu'il attribue à Pascal le fidéisme que prétendait y trouver Victor Cousin et qui lui paraît être un parfait contresens. Mais il ne pense pas davantage que l'apologétique pasealienne puisse convaincre tous les types d'incroyants, malgré sa prétention initiale d'universalité. Car elle a besoin de présupposés favorables pour aboutir. M. Lacombe se distingue néanmoins de Jeanne Russier, pour qui « le cœur et la grâce interviendraient au point de départ de la démonstration et non après » (p. 54). Il ne cesse même de répliquer à Jeanne Russier, dont la thèse sur La foi selon Pascal l'attire et le déçoit en même temps, parce qu'elle associe les « yeux du cœur » et le raisonnement de