CHRONIQUE D'HISTOIRE MODERNE

ET CONTEMPORAINE

i. — M. Goyau vient de publier les leçons qu'il a professées à l'Institut catholique de Paris, durant l'année 1927, sur l'histoire des missions.

« Enseignez toutes les nations et baptisez-les » : ces mots de son divin Chef ont été pour l'Eglise un programme et lui ont inspiré un esprit et une force. Ou les nations sont venues à elle — tels les Barbares au temps des invasions — ou, plus souvent, elle- même est allée aux nations et c'est là, proprement, l'histoire des missions (i).

Cette histoire est merveilleuse. Elle est une page splendide de l'histoire générale ; on l'oublie trop facilement. « Le but final de l'apostolat missionnaire, c'est en effet, la formation de chré^- tientés indigènes trouvant peu à peu leur sacerdoce dans le terroir même..., se suffisant à elles-mêmes... et formant avec leurs propres forces des Eglises hiérarchiquement constituées. » p. i3. C'est ainsi « l'histoire d'un « magnifique travail de défrichement des terres et des âmeà. » On a dit et répété que « l'Eglise n'esit plus une force civilisatrice », or, c'est par « leur credo», qu'aujourd'hui, comme autrefois, les peuples évangélisés montent à la vie sociale et morale » p. 2 4-

D'autre part « l'histoire missionnaire est rhistoire du désintéressement humain, se mettant au service du règne de Dieu, à l'écart de toute question individuelle et nationale » . Toutefois, parce qu'il est l'ouvrier du bien, le missionnaire fait aimer « cette portion de la famille humaine, dont il est issu. Que l'on n'accuse pas d'impérialisme le missionnaire français. Il sert sa patrie et admirablement ; mais c'est « parce qu'il est un magnifique échantillon de l'âme française, un échantillon susceptible de faire aimer cette âme » p. 33. Dans cette histoire le rôle de la France est grand. La France « fut la première au xvne siècle à créer un organisme