LA VITA AMBROSII DE PAULIN

(Suite et fin) ' (1).

II. La Vita Ambrosii biographie chrétienne (suite)

b) La biographie chrétienne, genre littéraire

— Le genre que Paulin a adopté est bien connu : nous l'avons indiqué au début de cette étude; et notre Vita se rattache ouvertement aux œuvres antérieures, à la biographie episcopate inaugurée par Pontius ainsi qu'à la biographie monastique lancée en Orient par Atha- nase et répandue désormais dans toute la chrétienté, grâce à la traduction latine de la Bîoç 'Avxwvîou par Evagrius, grâce aux petits récits de Jér-ôme, sur Paul de Thèbes et sur d'autres ermites, s, Hilarion et Malchus. A la fin du ivc siècle, avec la Vila Martini, qui eut un si vif succès de librairie, le genre biographique est devenu partout un des plus populaires de la littérature chrétienne. C'est un genre en tout cas entièrement original (2), du moins par son inspiration.

Les Vitae poursuivent toujours un double but : l'exaltation d'un saint; l'édification du lecteur.

Il est évident que tous les biographes écrivent pour glorifier leur saint, même parfois au détriment d'un autre saint : c'est ainsi que Jérôme conteste à Antoine le titre de premier ermite pour le donner à son Paul de Thèbes, et que, si l'un ou l'autre fut le premier moine en Egypte, un autre héros de Jérôme, Hilarion, est le premier moine de Palestine. De plus, à lire ces biographies, on s'aperçoit qu'elles sont des « hagiographies », au sens où le mot est pris aujourd'hui, qui laissent de côté les échecs, les défauts, tout ce qui n'est pas à l'honneur du personnage. Certains précisent même l'idée qui les a guidés : c'est Pontius, par exemple, qui veut compléter les ouvrages de Cyprien par le récit de ses œuvres