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Bataille littéraire et combat politique : la critique littéraire de Jules Vallès du Voltaire au Cri du Peuple (1878-1885)

[article]

Année 2003 121 pp. 33-40
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Jacques MIGOZZI

Bataille littéraire et combat politique : la critique littéraire de Jules Vallès du Voltaire au Cri du Peuple (1878-1885)

Camper Vallès en critique littéraire fin de siècle frise apparemment le paradoxe: dès son retour d'exil, l'ancien proscrit s'est relancé avec passion dans le combat politique et n'a consacré qu'une très faible part de ses chroniques ' au cours de la littérature contemporaine, dont l'apolitisme et les conventions l'ulcéraient. Si dans sa jeunesse, en 1864-1865, l'exercice de la revue littéraire au Progrès de Lyon lui a permis d'affirmer avec brio une identité de franc-parleur et de bretteur de la plume 2, le rédacteur en chef du Cri du peuple mesure de toute évidence, après la Commune et à la lumière de « la grande fédération des douleurs», la vanité de la «littérature littératurante» 3, réservant son énergie pour d'autres luttes que la «bataille littéraire» mise en scène par la presse périodique. Malgré leur relative rareté - ou précisément à cause de cette réserve, qui donne d'autant plus de sens et de densité aux «coups de gueule» jetés sporadiquement par «l'Insurgé» -, les interventions publiques que consacre Vallès aux questions littéraires à partir de 1878 et jusqu'au début de 1885 dans les principaux journaux de l'époque {Le Voltaire, Le Journal, La France, Le Gil Bias, Le Cri du peuple...) méritent toutefois assurément d'être réévaluées 4. Dans ces articles incisifs et à visée manifestaire, une politique générale de la littérature s'énonce en effet, se proclame, se martèle, conformément à la profession de foi brandie dès les «Notes d'un absent» dans le Voltaire du 22 décembre 1878, sous le pseudonyme transparent, tout à la fois allonyme et cryptonyme 5, de Jacques Vingtras :

«La critique n'a jamais empêché et n'empêchera jamais un livre de réussir s'il le mérite.

La critique n'est pas une arme. - C'est quelquefois, comme dans le cas de M. Zola, un drapeau. Elle n'a de puissance qu'à cette condition glorieuse, quand elle prend prétexte des livres des autres pour déployer une idée qui claquera dans le vent comme un étendard de laine ou de soie. » 6

1. D'après notre décompte, Vallès ne publie à compter de décembre 1881 jusqu'en mars 1883 que 15 articles touchant à la critique littéraire sur les 146 qu'il donne au Réveil, à La France et au Gil Bias, soit environ 10% de sa production journalistique. À partir de la fin octobre 1883, dans son Cri du peuple ressuscité, il ne consacre que 8 articles sur les 153 qu'il signe aux questions strictement littéraires, soit moins de 6 %.

2. Voir Jacques Migozzi, «Portrait d'un jeune homme de lettres en franc-parleur: les chroniques littéraires de Jules Vallès au Progrès de Lyon (1864-1865)», Autour de Vallès, n° 33, à paraître en décembre 2003 (Actes du colloque international de Clermont-Ferrand, janvier 2003)

3. La formule est déjà présente dans le premier numéro de La Rue, du 1er juin 1867. Voir Jules Vallès, Œuvres, t. 1, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1975, p. 941.

4. Même Roger Fayolle, qui consacre un développement particulier dans son ouvrage de synthèse La Critique à Jules Vallès comme exemple de «tentatives originales», ne retient que le massif des articles antérieurs à 1870. Voir Roger Fayolle, La Critique, Armand Colin, 1978 [lre éd. 1965], p. 117-118.

5. La terminologie ici mobilisée est celle que propose Alain Pages dans La Bataille littéraire, Librairie Séguier, 1989, p. 107-108.

6. Jules Vallès, Œuvres, t. 2, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1990, p. 122. Dans tout le corps du texte infra, les références paginées au corpus renverront à cette édition de référence établie et annotée par Roger Bellet, dans laquelle figurent tous les articles ici étudiés.

ROMANTISME n° 121 (2003-3)

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