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André Léo, écrivain-idéologue

[article]

Année 1992 77 pp. 61-66
Fait partie d'un numéro thématique : Les femmes et le bonheur d'écrire
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Roger BELLET

André Léo, écrivain-idéologue

André Léo, pseudonyme masculin - fabriqué d'après les noms de ses deux enfants, André et Léo - s'appelait, quand elle le prit, Mme Léodile Champseix (ou Champceix). Elle était née Léodile Béra, à Lusignan (Vienne) ; son enfance se déroule dans le Poitou paysan, où son père était petit notable : à la fois, notaire et juge de paix. La famille devait être républicaine puisqu'elle s'exile en Suisse après le coup d'Etat ; Léodile Béra épouse, en 1852, à Lausanne, Grégoire Champseix, ancien journaliste à Limoges, ami de Pierre Leroux, réfugié politique. Naissent à Lausanne, en 1853, les deux jumeaux, André et Léo. La famille revient à Paris en 1860, après l'amnistie. André Léo ramène de Suisse deux romans : Un mariage scandaleux et Un divorce. Nul doute en tout cas : par son mari et avec lui, André Léo est fortement influencée par Pierre Leroux.

Paris consacre donc André Léo d'abord romancière, puis militante politique, puis journaliste : elle ne séparera jamais ces trois formes d'action. Elle commence à écrire en journaliste en 1867 : dans un journal imprimé à Bruxelles, La Coopération ; elle y défend les travailleurs, les ouvrières du textile, et en même temps, plus largement, le droit d'association pour tous, y compris les femmes ; elle y défend l'égalité des salaires et montre déjà la nécessité de rapports neufs entre hommes et femmes, au cœur même du salariat.

On peut considérer que le roman a été pour André Léo la première forme, littéraire, de son combat passionné pour l'égalité de l'homme et de la femme, dans la société du XIXe siècle héritée de la Révolution. Ses héros sont volontiers des héroïnes, toutes aux prises avec le code social. André Léo conçoit le roman comme un terrain de combat, mais elle sait faire mouvoir, vivre et surtout parler ses héroïnes. Ainsi, après un premier roman, typique, Une vieille fille, c'est le premier roman à succès, qui met en question dès le titre le mariage inégalitaire du XIXe siècle : Un mariage scandaleux, qu'André Léo édite à ses frais \ Deuxième « grand roman », qu'Achille Faure accepte cette fois d'éditer, avec certain succès, en 1864 : Les Deux Filles de M. Plichon. L'œuvre oppose deux femmes, Blanche, la femme telle que la voient et aiment la voir les hommes, et Edith, la femme autonome et « libre » ; leur mère travaille dur aux champs, presque aussi forte physiquement qu'un homme : la faiblesse des femmes est une légende. André Léo met en cause l'ignorance dans laquelle l'homme confine sa femme : « ambition de borgne qui cherche un royaume d'aveugles ! ». Critique forte du mariage socialement mais aussi culturellement inégalitaire, car le mariage n'est pas seulement association : il est conversation, il est parole. Vallès, qui avait loué Un mariage scandaleux, agrippe Les Deux Filles de M. Plichon dans le même Progrès de Lyon 2. Il crie sa déception. Certes, il garde sa « confiance » dans le talent d'André Léo, mais il sent, cette fois, le modèle faux : George Sand.

ROMANTISME n°77 (1992 - Ш)

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