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Symbole et désymbolisation

[article]

Année 1985 50 pp. 53-60
Fait partie d'un numéro thématique : Religions et religion
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Frank Paul BOWMAN Symbole et désymbolisation

Le mot « symbole » est déjà ambigu jusqu'au point d'être peu utile ; faut-il ajouter celui de « désymbolisation », qui ne se trouve ni dans Littré, ni chez Flaubert ou Cousin ? Il paraît pourtant dans certains articles récents, dont celui de Pierre-Marc de Biasi sur « La Tentation de l'Orient dans la Légende de saint Julien l'Hospitalier»1 . Cet article renvoie à Michelet qui, lui, utilisa le mot. Je cite Biasi :

« La question de fond porte sur la modalisation historique des rapports entre la langue et la notion de symbole. L'hypothèse générale pourrait se formuler ainsi : l'Orient est le berceau du langage symbolique tel que l'Occident s'en empare pour le désymboliser dans le langage du Droit » .

Or, en fait la « désymbolisation » était une préoccupation fondamentale de la pensée romantique. Chez Flaubert, Biasi considère comme exemplaire le cas des sandales que Julien, parricide, laisse à sa femme. Il l'analyse en évoquant les sandales d'Empédocle, la déposition des sandales de Moïse, la sandale offerte dans les contrats de cession (là, citant Michelet), les sandales déposées, symbole de l'ascèse chez Plotin, pour conclure que Flaubert « construit l'incongruité discrète » de ce détail « sur une manipulation érudite des révérences culturelles, qu'il associe, condense, déplace [...] dans le but [...] d'atteindre une autre espèce de pertinence, celle de Findécidable ». C'est cette thèse que je voudrais nuancer ; la désymbolisation, activité fort répandue dans la théorie du droit, de la religion et de l'herméneutique dans le deuxième quart du dix-neuvième siècle, veut d'abord décider du signifié du symbole, et ce n'est qu'après que l'on a séparé le symbole de son signifié par une lecture qui en décide la signification, lecture qui se présente comme un progrès dans l'histoire, que le symbole acquiert un caractère « indécidable » - et cela, semble-t-il, entre 1844 et 1849.

J'ai découvert une source qui lie la déposition des sandales et le meurtre.

« Chez les Francs-Saliens, dans la formalité connue sous le nom de chene- cruda, relative à la cession des biens, pour impuissance à payer la composition d'un homicide, le débiteur, après l'accomplissement de plusieurs rites symboliques, abandonnait son habitation sans chemise et sans souliers ».

La citation vient de Pierre Chassan, Essai sur la symbolique du droit, 1847, p. 223. La thèse de Chassan, c'est que le droit n'a pas toujours revêtu exclusivement la forme de la parole ; pour être compris ou retenu par les hommes des temps primitifs, le droit avait besoin d'images sensibles, de symboles, dont Chassan fait une taxinomie, et il en retrace les origines et transformations, avançant que dans l'histoire du droit il y a lutte entre deux principes, le principe sacerdotal, patricien, qui veut

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