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Sur l'esthétique de Taine

[article]

Année 1981 32 pp. 23-29
Fait partie d'un numéro thématique : Philosophies
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Angêle Kremer-Marietti Sur l'esthétique de Taine

Contre l'illusion de la naissance fortuite de l'œuvre d'art, Taine entreprend, dans sa Philosophie de l'art, d'une part, de préciser les conditions de l'élaboration de l'œuvre d'art et, d'autre part, de fixer les lois qui président à sa production. La création artistique est pour lui une production ayant pour présupposé un milieu social. Dès les prémisses de sa recherche, Taine pose l'un des principes de sa méthode d'analyse dans la règle qu'il s'est imposée de rapporter l'œuvre d'art en tant qu'élément non isolé à Г « ensemble dont elle dépend et qui l'explique » (1) : c'est précisément ce qu'il affirme au début de l'œuvre qu'il a publiée en 1865 et qu'il rééditera en la complétant en 1882. D'emblée, l'attitude épistémologique qu'implique un tel principe, réintégrant un élément dans l'ensemble auquel il appartient, vise donc, comme l'écrit Taine, à « expliquer » plutôt qu'à « comprendre » l'œuvre d'art. Du moins cela apparaît-il clairement si l'on inverse la perspective qu'énoncera Dilthey en 1894 par la célèbre formule : « nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique », et dans laquelle, en opposant explication et compréhension, Dilthey tranche l'objet de la connaissance humaine en deux régions distinctes, celle de la nature et celle de l'esprit. Comme Auguste Comte, qui introduisait les sciences humaines sous le couvert de la sociologie au sein des sciences positives, Taine pense non seulement qu'il est possible mais encore qu'il est nécessaire d'aborder les productions de l'esprit avec le secours de la méthode positive propre aux sciences de la nature. En ce qui concerne la philosophie de l'art, la perspective préconisée par Taine a pour effet de promouvoir l'esthétique au rang d'une science d'observation et, qui plus est, d'une science sociale et historique : confirmant ainsi un autre point de doctrine et de méthode inhérente au positivisme d'Auguste Comte, à savoir que le point de vue social hausse une science positive à son plus haut degré de scientifî- cité (2) ; et c'est ce que le Système de politique positive a développé sur la base des dernières leçons du Cours de philosophie positive qui renversent la « suprématie mathématique » au bénéfice de Г « ascendant sociologique », ainsi que Comte l'annonçait explicitement dans la 49ème leçon de son Cours.

(1) Hippolyte Taine, Philosophie de l'art, 24ème édition, librairie Hachette, 1948, t.I.p.2.

(2) Le Discours sur l'esprit positif explicite le point de vue social comme seul pleinement scientifique. Dans le Système de politique positive, Comte critiquera Descartes d'avoir voulu asseoir la synthèse subjective sur le cogito et non sur « les plus nobles phénomènes » (les phénomènes sociaux).

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