JEAN DAUDIN, CHANOINE, TRADUCTEUR ET MORALISTE *
L'étude des enjeux politiques et linguistiques de la fin du Moyen Age est souvent appuyée par un examen des traductions, de leur genèse et des conceptions qui présidèrent à leur réalisation ; les auteurs de ces œuvres, cependant, restent mal connus l. Des figures de proue, tels Nicole Oresme ou Jean Golein, ont éclipsé, au sein du « séminaire » 2 réuni par Charles V, les collaborateurs plus discrets, ayant occupé des fonctions plus modestes, et certainement moins proches du roi.
Ainsi la biographie de Jean Daudin pourrait se résumer à ce qu'il nous apprend de lui-même dans le prologue à la traduction du De Remediis utriusque fortune de Pétrarque : « Tres humble et tres petit
* Cet article se fonde sur l'étude biographique qui accompagne mon édition de la traduction du De Eruditione filiorum nobilium de Vincent de Beauvais, BNF, fr. 9683 (thèse d'École des chartes, soutenue en 1993, cf. Position des thèses..., 1993, p. 77-81).
L'abréviation De Rem. renvoie au ms. BNF, fr. 1117, Des Remedes de l'une et l'autre Fortune, et Epist. au ms. fr. 1032, Epistre consolatoire.
1 . N'ont heureusement plus cours les jugements sommaires comme celui d'Arthur Piaget, Histoire de la littérature, dir. par Louis Petit de Julleville, t. II, Paris, 1896, p. 265 : « Les traductions de Jean Golein..., de Jean Corbichon... et de Jean Daudin ou Doudin, chanoine de la Sainte Chapelle... ne présentent pas grand intérêt ».
2. Le mot est emprunté à M. Jacques Nepote, Jean Golein 1325-1403, étude du milieu social et biographie..., thèse de 3e cycle Histoire, Paris IV, 1976, p. 226.
