LES CHANSONS DE TOILE OU
CHANSONS D'HISTOIRE
Les chansons de toile ou chansons d'histoire forment, parmi les poèmes lyriques du moyen âge français, un groupe peu nombreux, mais intéressant à bien des égards. Gaston Paris, en 1893, en a écrit ceci 1 : «Ce nom de «chansons de toile » ou «chansons d'histoire » adonné lieu de penser que ces petites-pièces d'un caractère si particulier, qui mettent toujours des femmes au premier plan, et dont plusieurs débutent en nous les montrant à leur travail, étaient essentiellement des chansons de femmes, et que leur destination propre était d'accompagner les travaux de femmes. » Voilà donc une thèse posée en termes clairs et précis. Gaston Paris l'a faite sienne, et elle a été géné¬ ralement adoptée : disons tout de suite qu'elle nous paraît difficile à défendre. Si nous avons jugé à propos d'en dire ici les raisons, c'est que le problème est attachant par sa nature même. Le point n'est pas seulement de situer un genre parmi d'autres genres, mais de le définir en son esprit. Il s'agit, entrant dans le jeu de ceux qui les ont créés, de bien comprendre ces menus poèmes d'une invention beaucoup plus subtile que ne le laisserait croire, de prime abord, leur apparente simplicité. Le problème d'histoire littéraire se double d'un problème d'inter¬ prétation.
Recensement des pièces
Les pièces en question, complètes ou fragmentaires, sont une vingtaine en tout, dont sept nous sont parvenues comme
i. P. xcii-xciii de sa notice sur les chansons du Roman de la Rose (j= Guillaume de Doit), écrite pour compléter l'Introduction de G. Servois au texte de ce poème (Société des Anciens Textes français).
Romania, LX1X. 28
