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NOTES CRITIQUES AU SUJET DE L'ÉLECTION ÉPISCOPALE LIÉGEOISE DE 1505
par Paul Harsin, professeur à l'Université de Liège
Le 30 décembre 1505, Erard de la Marck, protonotaire du Saint-Siège et seigneur de Jametz, frère du seigneur de Sedan et membre d'une des plus turbulentes familles de ces régions frontières, était élu prince-évêque par le Chapitre cathedral de Liège.
Cet événement qui devait se révéler d'une importance capitale dans l'histoire de la principauté mosane du XVIe siècle a été l'objet de quelques études qui ne paraissent pas avoir épuisé la question1. Car plusieurs des circonstances qui ont entouré la compétition, l'élection et la confirmation pontificale semblent entourées de mystère. Nous nous bornerons ici à deux questions récemment soulevées, renvoyant l'examen des autres à de prochaines publications2.
Il s'agira d'abord de déterminer le nombre et les qualités des candidats au siège episcopal liégeois. Ensuite, de découvrir la raison d'une prétendue invalidité du scrutin.
Tout le monde est d'accord au sujet de la postulation de trois des candidats. Le prévôt du chapitre de Saint-Lambert, Jean de Hornes, neveu de févêque défunt, se mit sur les rangs, sans aucune chance de succès3. L'évêque de Cambrai, Jacques de Croy, fortement appuyé par l'Empereur Maximilien et par le souverain des Pays-Bas, devenu roi d'Espagne, Philippe le Beau, renouvela une postulation qui, depuis vingt-trois ans, avait été pour ainsi dire permanente4. La famille des la Marck, enfin, soutenait les prétentions d'un de ses membres, désireuse de réparer l'échec éprouvé par elle lors de la précédente vacance épiscopale5»
Mais y eut-il un quatrième candidat, en l'occurrence, selon un témoignage officiel contemporain, le « doyen de Cologne » ?6 De qui s'agit-il ? On a pensé, tout naturellement, au doyen du Chapitre cathedral de Cologne, Philippe de Dâun, qui fut pourvu par le pape d'une prébende
1. En 1927, M. L.-E. Halkin consacrait à L'élection du prince-éoêque de Liège Erard de la Marck un article du Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. LU, pp. 31-59. En raison des lacunes et des erreurs trop nombreuses de cette étude, nous avons repris la question en 1955 dans le tome II de nos Études critiques sûr l'histoire de la principauté de Liège : Le règne d'Erard de la Marck, pp. 25-59. Dans le tome LXXI du Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, distribué en 1957, M. Halkin a fourni de Nouveaux documents sur l'élection d'Erard de la Marck, pp. 233-247, tout en revenant sur plusieurs points antérieurement traités. Ces documents proviennent des archives du Vatican et appellent des observations que nous présenterons ailleurs.
2. Notamment aux addenda du tome III (sous presse) de nos Études critiques.
3. Du moins cela paraît ressortir des sentiments à peu près unanimement défavorables nourris par les Liégeois à l'égaroT de l'évêque Jean de Hornes, surtout pendant les dernières années de sa vie.
4. Voir à cet égard le tome I de nos Études critiques (Liège, 1957), passim.
5. Ibidem, livre I, chapitre V. Nous reviendrons ailleurs sur la carrière d'Erard de la Marck avant son élection.
6. C'était l'opinion du chanoine Daris en 1 884 et nous l'avons adoptée en 1 955 sur la foi d'un texte des résolutions du Chapitre Cathedral lui-même.
