L'optique des Jésuites et celle des médecins

A propos de deux ouvrages récents*1*

L'optique prénewtonienne fait du problème de la nature de la lumière et du genre de réalité physique des images visuelles un enjeu essentiel.

Dans les développements ultérieurs, ces deux questions se trouvent peu à peu vidées de signification et disparaissent au profit de l'exposé des propriétés de la lumière. L'optique n'est plus associée ouvertement à des considérations théologiques, ni à ces modèles cosmologiques construits comme des commentaires de la Genèse dont elle était l'expression traditionnelle. Perdant sa prééminence, elle devient un élément d'une théorie générale du monde qui se présente comme une physique mathématique.

Mais la facilité de cette scission avec les problèmes ontologiques n'est qu'une illusion récurrente. Si l'optique met, de fait, longtemps à se déterminer comme une science particulière, c'est qu'elle doit rompre pour cela ses liens avec la théologie, la peinture, la médecine, la théorie de l'âme et de ses affections. Par ailleurs, la persistance jusqu'à la fin du xviie siècle, et notamment dans l'optique des Jésuites, d'une théorie de la lumière à la fois rationaliste, néo-platonicienne, alchimisante et expérimentale, montre bien, a contrario, la difficulté de la décision qui, chez Newton comme déjà chez Descartes et Pascal, et déjà chez Galilée, renvoie dans l'indécidabilité le problème de la nature de la lumière, c'est-à-dire de son genre de réalité.

Comment faire apparaître l'étendue des embarras qui étaient ainsi

Rev. Hist. ScL, 1987, XL/3-4 rhs — 14