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Scève et Politien ou comment réinventer l’églogue française : Saulsaye et la silve Rusticus

[article]

Année 2012 75 pp. 173-190
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Scève et Politien ou comment réinventer l’églogue française :

Saulsaye et la silve Rusticus

On a l’habitude de lire Saulsaye, publiée à Lyon en 1547, à la lumière des deux textes principaux imités par Scève : la première bucolique de Virgile qui

fi xe le cadre topique de l’églogue pastorale et le poème latin de Sannazar intitulé

Salices, origine du mythe central de Saulsaye, celui des nymphes et des satyres. Ce mythe, d’autant qu’il a déjà été imité, avant Scève, par Marguerite de Navarre sous le nom La Fable du faux cuyder, aussi intitulée L’Histoire des satyres et des nymphes de Diane, a fait couler beaucoup d’encre1 et a dissimulé une source néo-latine italienne aussi importante, en taille et en valeur, dans le dispositif de l’églogue. Autant le mythe de Sannazar est central physiquement et quan ti ta tivement dans Saulsaye2, autant il est nul et non avenu dans la démonstration qui sous-tend l’églogue. Antire, le contradicteur (étymologiquement) de Philerme (l’amant du désert), veut démontrer «par raison péremptoire » (v. 414) avec ce mythe, réduit à une stricte valeur univoque d’exemplum, le caractère néfaste de la vie solitaire, «desraisonnable » , désespérée et inféconde (vv. 413-455 et vv. 549-558). Son discours n’a pas le moindre impact sur Philerme qui va ensuite, sans même sérieusement réfuter la thèse d’Antire, prendre la parole et même la garder du v. 630 jusqu’à la fi n de l’églogue pour faire l’éloge de la vie solitaire rustique dont le lecteur sait, depuis le titre même du poème, qu’elle va l’emporter. C’est dans ce long moment fi nal de Saulsaye, annoncé dès le soustitre de l’églogue, «De la vie solitaire » , que Scève suit de près la silve Rusticus

de Politien. C’est donc aux mots et aux vers de Politien que Scève confi e la responsabilité d’exposer la thèse de l’églogue et non à ceux de Sannazar, une source italienne contre une autre, une source avérée contre une source restée dissimulée. J’en ai fait la découverte après avoir, dans un premier temps, repéré l’infl uence de Politien dans Microcosme, où se vérifi e surtout l’infl uence du

Panepistemon 3. Ensuite, il n’était plus tout à fait hasardeux de supposer d’autres lectures de Politien par Scève, voire d’autres emprunts et c’est en repérant la

1. V.-L. Saulnier, Maurice Scève (ca 1500-1560), Paris, Klincksieck, t. I, 1948, chapitre XIV ; Marcel Françon , Saulsaye, Schoenhof’s Foreign Books, inc., 1959 ; Enzo Giudici, Maurice Scève Bucolico e «Blasonneur » , Liguori Editore, Napoli, 1965 ; F. Lavocat, La Syrinx au bûcher : Pan et les satyres à la Renaissance et à l’âge baroque, Genève, Droz, 2005, p. 337-342 ; Tom Conley, «An Eclogue Engraved : Maurice Scève and Bernard Salomon’s Saulsaye (1547) » in Book and Text in France, Poetry on the page,

ed. by Adrian Amstrong and Malcolm Quainton, Ashgate, 2007, p. 139-162. 2. Il s’étend des vers 245 à 412 sur les 730 vers de l’églogue, représentant donc 167 vers, soit 22,8 % de la masse textuelle, situé approximativement au milieu de l’églogue et il est précédé d’un bois, fort élément de segmentation sachant qu’il n’y en a que deux dans toute l’églogue. 3. Voir mon édition de Microcosme, à paraître, éd. Garnier.

RHR – n° 75 – p. 173-190

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