LE CHRIST, L'ESPRIT ET L'ÉGLISE

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Le Christ, l'Esprit et l'Eglise

Une des tâches les plus importantes qui soient encore offertes à la théologie œcuménique consiste à revoir la doctrine de l'Eglise à la lumière des doctrines du Christ et de l'Esprit, comme l'a pro¬ posé en 1952 le troisième Congrès mondial de «Foi et Constitu¬ tion », réuni à Lund, en Suède. Ce faisant, on espère étendre à la doctrine de l'Eglise certains éléments de l'accord qui existe déjà sur l'essentiel en matière de christologie et de pneumatologie. Jus¬ qu'à ce que le Comité Nygren, en Europe, et le Comité Calhoun, en Amérique du Nord, aient déposé leur rapport, procédé à un échange d'idées et livré les résultats atteints aux commentaires et aux cri¬ tiques de tous, rien ne s'oppose à ce que n'importe qui apporte sa contribution à cette entreprise.

Ma propre contribution consistera surtout à montrer quel est dans ce domaine l'apport de Karl Barth, tel qu'on le trouve surtout dans sa Doctrine de la Réconciliation (Kirchliche Dogmatik, IV, 1) et dans un ouvrage qui lui fait écho, les Essays in Christology for Karl Barth, publiés en 1956 par ses admirateurs britanniques à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire. J'éprouve un plaisir particulier à aborder la question de cette façon, car j'ai une grande estime pour la personne de Barth, et ma Christian Theology a laissé à plusieurs de ceux qui en ont rendu compte l'impression que je minimisais par trop son œuvre.

Un critique anglican, par exemple, écrit qu'il y a plus à appren¬ dre dans Barth, lu attentivement, même si, comme lui, on ne peut le suivre sur certains points, que dans l'espèce de «Rapport Kin-sey » sur l'opinion chrétienne «moyenne » que je présente dans chacun de mes chapitres comme le «consensus chrétien » . Mon critique surestime l'importance que j'attache à l'opinion commune de nos contemporains, mais lui et d'autres ont raison de faire remarquer que la méthode comparative que j'ai adoptée aboutit à rapetisser Barth plus que de raison. Le système de Barth est telle¬ ment énorme que, pour le soumettre à une confrontation œcumé¬ nique, il faut, soit en faire le centre autour duquel évoluent tous

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