Résurrection

Situation paradoxale ! On sait aujourd'hui, grâce aux progrès récents de la science exégétique, que la foi à la «résur¬ rection » de Jésus forme le cœur, le centre vivant de toute la piété et de toute la pensée de la primitive Église (1).

Or voici plus d'un siècle que la science théologique, appelée cependant à présenter une image aussi adéquate que possible du christianisme originel, considère celui-ci de points perspec¬ tifs qui tout juste lui font manquer l'aperception de l'élément «résurrection ». Les théologiens strictement conservateurs et «biblicistes » mis à part, l'on peut dire que, pour toute la théologie critique du xixe siècle, la «résurrection » de Jésus, y compris ce qu'elle comporte pour les croyants, se trouvait reléguée au rang de donnée secondaire, si ce n'est de simple «idée de la foi ». Plus encore : à certains penseurs, même animés d'une piété profonde, elle apparaissait comme un élément étranger, surajouté à l'Évangile primitif. En somme, de la «résurrection » on ne savait que faire. Il y avait comme une incompatibilité foncière entre la sensibilité religieuse de l'époque, toute pénétrée encore des prémisses de la «philoso¬ phie des lumières », et cette donnée massive, résistante et inintelligible de la tradition néotestamentaire. Donnée qui

Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, 1936, nos 3-4-5.