Victor Cousin et ses élèves vers 1840

«Ceux qui n'ont pas vécu de son temps ne sauraient s'ima¬ giner quel bruit il faisait en ce monde pendant qu'il y était... Il recherchait ardemment la publicité pour tous ses actes. Damiron lui disait : «Tu fais trop de bruit. » Il le regardait dans le blanc des yeux sans lui répondre, et recommençait à faire du tapage. » «La génération qui ne l'a pas connu ne peut pas se faire une idée de la séduction qu'il exerçait... Il forçait le public à se passionner pour ce qui le passionnait », ainsi, en 1842, pour Pascal. — Ces témoignages de J. Simon et d'E. Bersot, du second surtout, plus bienveillant que le pre¬ mier (1), nous encouragent à ranimer ici la figure oubliée de Victor Cousin.

I

Il fut essentiellement un dominateur des esprits, à la fois professeur, prédicateur, administrateur. Simon, qui l'a bien connu, revient souvent sur cette idée que la philosophie lui plut d'abord comme «thème de prédication », et ce mot doit être pris dans son sens propre, tant il est certain que Cousin prétendit à un magistère spirituel (2). Faire la leçon, le ser¬ mon, l'oraison funèbre, sa vocation était là, et non ailleurs. Aussi, comme elle apparaît de bonne heure! Il n'avait pas quinze ans qu'il aimait à prêcher, — et aussi à faire la classe. Dans la cour de l'Institution Leprêtre, il se promenait à grands pas — ces grands pas dont, plus tard, il devait fouler l'allée de l'Ecole Normale, comme si chaque fois il la prenait d'assaut, — «entouré de ses petits disciples, indiquant à Damiron une lecture, corrigeant le thème ou les vers d'un autre ». Damiron se souvenait d'avoir été, élève de quatrième,