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REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE
RELIGIEUSES
La collecte en faveur des Saints
Lorsque l'apôtre Paul vint à Jérusalem en 44, pour y défendre son apostolat, Pierre, Jacques et Jean qui passaient pour les colonnes de l'Eglise, se décidèrent, contre l'avis de ceux que Paul appelle des faux frères — et peut-être non sans avoir hésité à reconnaître son apostolat et à lui tendre lai main d'asso¬ ciation sans lui rien imposer et en lui demandant seulement de se souvenir des pauvres «ce que, dit Paul, je me suis efforcé de faire» (Gai., 2, 1-10 ) \
L'apôtre ne paraît attribuer qu'une portée morale à cette demande de secours. La manière dont il en parle, à la fin de son récit de la conférence de Jérusalem, montre qu'il ne veut pas la considérer comme une condition mise à la reconnaissance de son apostolat et de son œuvre missionnaire. Mais peut-être les Jéru-sal émîtes avaient-ils autre chose dans l'esprit quand ils deman¬ dèrent aux Chrétiens sortis du paganisme de se souvenir des pauvres. Ils pourraient avoir pensé à l'impôt du didrachme que chaque Israélite adulte devait au Temple et qui, recueilli dans toutes les juiveries, était solennellement apporté dans la Ville Sainte comme un hommage de la Diaspora tout entière2. Le
1 D'après Actes, 11, 27-30 ; 12, 25, au moment où cette demande lui fut adressée, Paul aurait, une fois au moins, porté à Jérusalem un secours en argent de la part de l'Eglise d'Antioche, à l'occasion d'une famine. L'historicité de ce détail ne peut, croyons-nous, être maintenue parce que, si Paul n'avait pas attendu la demande des Jérusalémites pour tâcher de leur venir en aide, il n'aurait pas manqué de le dire dans l'épître aux Ga-lates. Sur l'origine et le caractère de Actes 11, 27 s voir notre Intr., Ill, p. 220. Il reste néanmoins que, dans le témoignage dee Actes, il y a un souvenir, au moins indirect et confus, du fait que la question des secours à fournir à l'Eglise de Jérusalem par les Chrétiens de la Diaspora a joué un rôle dans les tractations de Paul avec les «colonnes de l'Eglise ».
2 Sur l'impôt du Teimpile voir Schürer, Geschichte des jüdischen
Volkes im Zeitalter Jesu Christi 3-4, Leipzig, 1908-1910, III, p. 70, 259 s.
Juster, Les Juifs dans V Empire romain, Paris 1914, I, p. 378 β. II est possible, bien que la preuve rigoureuse ne puisse être donnée que pour une époque sensiblement postérieure, que les délégués juifs qui assuraient la transmission à Jérusalem des contributions de la Diaspora aient, dès le premier siècle, porté le titre d'apôtres. Ceci expliquerait que Paul qui a une si haute idée de la vocation apostolique et qui lui attribue si nette¬ ment un caractère spirituel, ait appelé «apôtres des Eglises » des hommes
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