REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE
RELIGIEUSES
La religion de Jean-Jacques Rousseau, d'après des ouvrages récents.
La bibliographie de J.-J. Rousseau, déjà si abondante avant 1912 — date du second centenaire de sa naissance — , s'est enrichie cette année-là et depuis d'un grand nombre d'articles et de livres nouveaux, dont une partie concerne, comme de juste, sa philosophie religieuse1). Jean-Jacques n'est-il pas un génie essen¬ tiellement religieux? écrivait dès lors M. Paul Seippel dans les Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau ; n'est-ce point là qu'est «le centre de sa personnalité, la source vive de sa pensée, et le secret de sa prodigieuse influence ? » En des termes presque iden¬ tiques, M. D. Parodi déclarait que «dans l'ensemble de la pensée de Rousseau l'idée religieuse occupe une place tout à fait centrale», et ni M. Boutroux, ni M. Lanson, ni M. Bernard Bouvier, en des articles ou des ouvrages aussi médités que documentés, n'ont pré¬ tendu le contraire2). N'est-il pas certain, d'autre part, que Rous-
') Cet article était écrit quand nous avons eu connaissance d'une étude de M. Albert Schinz parue (novembre 1922) dans la Modem Philology, de Chicago, sous ce titre : Le mouvement rousseauiste du dernier quart de siècle : essai de biblio¬ graphie rousseauiste. L'article de M. Schinz, très intéressant, très documenté, ne rend pas le nôtre inutile : dans l'étude du mouvement rousseauiste il remonte bien au delà de notre siècle, plus haut encore que ne le dit son titre ; d'autre part, il embrasse toute l'œuvre de Rousseau : nous nous sommes bornés à sa religion, mais en insistant davantage.
a) Paul Seippel (Annales de la Société J.-J. Rousseau, Genève, tome VIII, 1912) : La personnalité religieuse de J.-J. Rousseau. — D. Parodi (Revue de Méta¬ physique et de Morale, Paris, 1912) : La philosophie religieuse de J.-J. Rousseau. — E. Boutroux (ibid.) : Remarques sur la philosophie de Rousseau. — G. Lanson Annales de la Société J.-J. R., 1912) : L'unité de la pensée de Rousseau. — B. Bouvier : Jean-Jacques Rousseau , Genève, 1912.
