La Philosophie religieuse d'Ernest Trœltsch

(Suite)

II. Les rapports historiques du christianisme et de la civilisation

Utiliser les résultats acquis par l'érudition moderne pour esquisser l'histoire de l'éthos chrétien en sa relation vivante avec les autres éléments de la civilisation, teil est lei ,but que sie propose Trœltsch *) . C'est une appli¬ cation directe de ses vues philosophiques et de sa méthode.

Il faut, pour éviter toute confusion, définir avec soin l'opposition entre christianisme et civilisation. C'est la vieille antinomie entre l'Église et le Monde. On posera le problème en termes de sociologie. On se deman¬ dera en quoi les formes sociologiques qu'a prises le christianisme diffèrent de celles qu'on t revêtues les autres éléments de la civilisation. C'est le seul moyen de déterminer, par l'étude de l'histoire positive, l'essence du chris¬ tianisme. On constituera une sociologie du christianisme oiu plutôt une sociologie générale dans laquelle le christianisme et ses formes sociolo¬ giques trouveront leur place. Distinguons alors «sociologique » et «so¬ cial ». Le christianisme trouve en face de lui la Famille, l'État et la Société, les trois éléments essentiels de la civilisation séculière. Le mot «social » est donc moins compréhensif que le mot «sociologique ». Le second désigne la forme que prend toute valeur de civilisation quand elle sort de la sphère individuelle et le premier un domaine particulier de la réalité sociologique. La pensée moderne différencie nettement, en effet, l'État et la Société. Celle-ci est constituée par l'ensemble des phénomènes économiques, par la division du travail, la lutte des classes, l'échange et la production des richesses, etc. Trois groupements naturels, parmi lesquels la Société ainsi définie, composent donc, par opposition