De la Provence aux Vosges :
le problème des cours d'eau et de leur franchissement par les unités françaises
Chef de bataillon Jean-Louis RICCIOLI
Franchissement de la Durance par une portière et amorce de pont flottant avec chevalet en matériel français d'avant-guerre ; à l 'arrière plan, battage de pilots afin de rétablir le pont de Rognonas détruit cliché archives municipales, Avignon
En dehors de quelques articles et des volumes d'historiques publiés en 19471 par le commandement du génie de la Première Armée française, les travaux consa¬ crés au franchissement ou au passage des cours d'eau sont pratiquement inexistants2. A l'occa¬ sion du 50e anniversaire du débarquement de Provence, cet article se propose de lever un coin du voile sur un type d'opération peu connu.
Le passage des coupures que sont les cours d'eau est une opération à la fois tactique et tech¬ nique. Il peut se définir comme l'ensemble des opérations permettant de projeter un potentiel de combat donné de l'autre côté d'un obstacle naturel. Par commodité le terme de franchisse¬ ment sera employé lorsque le passage se fait sous menace ennemie, même lointaine ; le terme de rétablissement d'itinéraires sera employé pour les autres cas.
La période choisie est celle qui s'étend du débarquement de Provence à la fin du mois de septembre, pendant laquelle le génie de l'armée «B » se constitue progressivement en France, au rythme de l'exécution de la programmation de l'opération Anvil -Dragoon. Ce choix peut paraître paradoxal, s'agissant d'une période pendant laquelle peu de véritables franchisse¬ ments ont lieu ; mais il trouve sa véritable justi¬ fication dans le fait que les mécanismes acquis pendant cette campagne vont conditionner la façon qu ' auront les sapeurs d ' aborder la suite. A titre d'exemple entre le 20 août et le 12 sep¬ tembre 1944, le long du sillon rhodanien, les Alliés rencontrent 186 ouvrages routiers détruits dont 52 sont réparés par le génie de la Première Armée française3. Dans la période du 4 au 12 septembre 1944, pour les seuls bassins de la Saône et du Doubs, ce sont 48 ouvrages que répare le génie français, sur 183 détruits .
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