Sur la fréquence des avalanches en haute Tarentaise

par Jean LOUP et Claude LOVIE

Comme beaucoup de régions intra-alpines, la haute Tarentaise, à l'amont de Bourg-Saint-Maurice, est presque chaque année sévèrement éprouvée par les avalanches x. L'extension continue du domaine skiable a permis la découverte de nouveaux couloirs que les premiers observateurs n'avaient pas recensés; la fréquence du cataclysme s'est accrue avec l'abandon des pâturages d'altitude et de certaines prairies de fauche, avec la construction de routes nouvelles dont l'implantation favorise le décollement du manteau nival. Le développement des sports de neige rend la foule des touristes sensible à ces calamités, moins parce qu'il y a des victimes, car les précautions prises par les responsables des stations réduisent le risque à presque rien, que parce qu'ils ont pu observer le phénomène directement ou constater ses méfaits.

L'étude physique de la neige et de l'évolution du manteau nival, la détermination des processus qui déclenchent les avalanches sont du ressort des physiciens. Notre but ici est de faire un examen géographique des avalanches en exposant les facteurs qui, en haute Tarentaise, paraissent favoriser ces calamités. Nous aborderons ensuite l'étude de la fréquence des avalanches d'abord dans l'espace et ensuite dans le temps, en utilisant comme sources de renseignements les carnets d'avalanches remplis depuis plus d'un demi-siècle par les agents des Eaux et Forêts et utilisés par cette administration pour la confection des cartes où sont signalés tous les couloirs connus d'avalanches, le lieu d'accumulation de la