L'ARTENSE

Par Ph. ARBOS.

L'opposition tranchée entre la Limagne et la « Montagne » détermine en Auvergne deux types de région, à l'intérieur de chacun desquels on ne distingue guère de « pays » individualisés. Cependant le nom d'Artense correspond, dans l'esprit et le langage populaires, à une vivante réalité. Le paysan de la montagne volcanique le connaît pour l'appliquer d'ailleurs à un terroir défini plus par ses caractères que par ses limites; encore mieux connaît-il « les Artensiers », les « Artensais », et prétend-il définir leur psychologie. Approchons maintenant du canton qu'on nous a signalé comme étant l'Artense; nous aurons du mal à en fixer les frontières, d'autant qu'en mainte occurrence les gens que nous interrogerons consentiront volontiers à loger leurs voisins dans l'Artense, mais refuseront de s'y laisser caser eux-mêmes. Cet état d'âme n'est pas sans explication : être appelé Artensier n'est pas toujours un compliment, et l'Artense ne passe pas précisément pour un bon pays.

Gomment donc circonscrire le domaine auquel s'étend ce vocable au sens péjoratif? Il a au Sud une limite sur laquelle tout le monde est d'accord, depuis les auteurs de naguère jusqu'aux paysans d'aujourd'hui; c'est la vallée de la Rhue, à laquelle il est probable que ce rôle de frontière a été si nettement assigné en raison de ce qu'elle séparait la Haute-Auvergne de la Basse-Auvergne; l'Artense était donc dans la Basse-