La hiérarchisation sociale
des lycées
Daniel Louis-Etxeto
Au cours des cinq ans qui ont suivi le lancement du mot d'ordre des « 80 % » par Jean-Pierre Chevènement, de la rentrée 84 à la rentrée 89, les effectifs des lycées d'enseignement général et technologique publics (LEGT) ont connu l'impressionnante croissance de 1/3 (plus de 400 000 nouveaux entrants !), résultat de la conjonction de l'offre de formation secondaire et d'une demande d'allongement de la scolarité. En fait, le slogan des « 80 % » a servi de catalyseur à ce qui est apparu à la fin de la décennie comme « un authentique mouvement social » (Prost, 1992).
Directement liée à ce contexte, la question principale qui a guidé ce travail est simple : la massification du lycée s'est-elle accompagnée de sa démocratisation ? On se rappelle que la « foi » dans la démocratisation a conduit à penser que l'ouverture des portes de la 6e à tous les petits Français, dans les années 60, allait permettre de démocratiser le système. Il a fallu attendre plus de 10 ans après la loi Haby instituant le « collège unique », pour qu'Antoine Prost (1986) démontre que la démocratisation n'est pas la fille naturelle de la massification.
Revue Française de Pédagogie, n° 124, juillet-août-septembre 1998, 55-68
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