Daniel Rivet *
Réformer le protectorat français au Maroc?
Apropos de "Pour une nouvelle méthode politique de la France au Maroc" (note du 3-1-1947).
Entre Had Kourt dans le haut Gharb, où il est chef de circonscription de 1940 à juillet 1943, et Imin-Tanout au pied du Haut-Atlas occidental où il est début 1948, non pas promu, mais maintenu dans le grade acquis depuis 1945, Jacques Berque fut introduit au cœur de la cabine de pilotage du protectorat français au Maroc. Il est en effet le premier civil à entrer à la Direction des affaires politiques, la fameuse DAP - succédané et conservatoire de la "zaouïa" des Affaires indigènes - instaurée par le général Noguès pour relancer et dynamiser un protectorat déclinant à partir de 1934 et sur la défensive depuis le débarquement américain.
De 1943 à 1944, Berque est adjoint à la section politique de la DAP. De 1945 à 1947, il devient chef du bureau d'études ("section" à partir de 1946) d'une direction des affaires politiques, elle-même reconvertie après 1945 en direction de l'intérieur. Conjointement, il exerce les fonctions de secrétaire du conseil supérieur du paysannat1. A ce double titre il suit de très près l'élaboration du "plan
* Université Paris I
1. D'après le C.V. de Berque déposé au CHEAM lors de son stage d'admission. Merci à Anne Malécot, conservateur de la bibliothèque du CHEAM, qui m'a permis de consulter le dossier Jacques Berque, ainsi que sa note du 3-1-1947 "Pour une nouvelle méthode politique de la France au Maroc".
REMMM 83-84, 1997/1-2