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Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 7 - N° 2
1991
Migrations clandestines
et contrebande à la frontière
tuniso-libyenne
Mustapha CHANDOUL* Hassan BOUBAKRI
« Cette étude a été menée durant l'hiver 1987-1988, avant que ne s'établisse la libre circulation entre la Libye et la Tunisie. Elle a été réalisée dans un secteur qui présente trois situations frontalières représentatives dans la Délégation (équivalent de sous-Préfecture) de Bengardane :
— La « Imada » (secteur) de Jmila : secteur longeant la frontière tuniso- libyenne, donc très ouvert sur le territoire libyen.
— La « Imada » de Sayyah : secteur sub-frontalier.
— La « Imada » de Lourassniya : secteur intérieur, mais proche de la frontière.
120 clandestins ont fait l'objet de cette enquête, réalisée par l'auteur (M. Chandoul), dans leurs secteurs respectifs. L'auteur a par ailleurs dénombré 586 émigrés clandestins en Libye, dont le séjour avait dépassé deux mois de travail au moment de l'enquête, afin de les distinguer des « commerçants contrebandiers » (les trafiquants) dont le séjour en Libye varie de 15 jours à 1 mois.
Une émigration en grande partie non déclarée
La Libye, peu peuplée (3,6 millions d'habitants au recensement de 1984), est devenue un grand « importateur » de main-d'œuvre étrangère.
La Tripolitaine nord-occidentale correspondant à la Jfara (plaine littorale) libyenne, située en face de la région de Bengardane, est l'une des zones les plus développées de la Libye. D'importants périmètres irrigués s'y sont développés (plus de la moitié des terres mises en valeur dans le pays). La Jfara est aussi la première