Philippe CAPDEVIELLE

Frédéric HERAN

Pascal POLITANSKI

LE ROLE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DANS LA DIFFUSION DES TECHNOLOGIES EN EUROPE

DES ÉVOLUTIONS PLUTÔT CONVERGENTES

Contrairement aux idées communes, l'impact des nouvelles technologies sur l'évolution des emplois n'est pas univoque et il ne suffit pas, dans chaque pays européen, d'adapter les formations en conséquence de ces évolutions. D'une façon générale, la relation formation-emploi est en fait d'une redoutable complexité. Deux facteurs essentiels, mais non exclusifs, interfèrent dans cette relation : le mode d'organisation du travail et la spécificité des modèles nationaux — combinaison originale entre un système de formation et un système productif.

Certes, à court terme (par exemple, l'échéance du grand Marché unique de 1993) la question du rôle de la formation professionnelle dans la diffusion des technologies en Europe paraît simple : il s'agit concrètement d'étudier la libre circulation des diplômes dans la Communauté, la reconnaissance européenne des diplômes, l'harmonisation des formations... Outre que de tels travaux existent déjà, cette approche est, à l'évidence, excessivement restrictive. À plus long terme, il apparaît essentiel, d'une part, de dégager le rôle médiateur des transformations du mode d'organisation du travail pour mieux comprendre l'impact des nouvelles technologies sur l'évolution des compétences (section I), et, d'autre part, de prendre conscience des solutions très différentes retenues par quelques pays européens (RFA, Royaume-Uni, France) pour structurer leur système de formation professionnelle (section II). De la confrontation de ces deux points de vue — demande et offre de formation — , il est possible de dégager certaines convergences entre modèles nationaux, même s'il ne faut pas sous-estimer les très grandes inerties en ce domaine (section III).

174 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 59, 1er trimestre 1992