Les biens d'équipement professionnels en France : une compétitivité médiocre*
Fabrice HATEM
Économiste dans une entreprise nationale
A travers le thème de l'investissement productif, c'est la question de la modernisation de l'appareil productif français que le colloque « Écodix » a tenté d'éclairer.
Or, l'existence d'une industrie capable de concevoir et de produire rapidement et à un coût compétitif, des équipements adaptés aux besoins de sa clientèle nationale, constitue un enjeu important pour réduire le coût de cette modernisation, en termes d'importations comme de dépendance technologique.
Des liens quantitatifs étroits existent en effet entre biens d'équipement et investissement productif (cf. tableau 1) :
— d'une part, la plus grande fraction de l'investissement matériel des entreprises françaises est consacrée à l'achat de biens d'équipement, dont près de 60 °/o sont produits dans notre pays ;
— corrélativement, l'investissement productif français représente toujours, malgré la part croissante des débouchés militaires et de l'exportation, l'un des principaux marchés de l'industrie des biens d'équipement.
Par ailleurs, le poids croissant des échanges internationaux expose l'industrie nationale à une concurrence particulièrement vive sur des marchés en voie de mondialisation.
D'où l'intérêt de faire un « état des lieux » pour les industries d'équipement, à l'instant où, après 10 années de somnolence, l'investissement productif semble présenter quelques signes de frémissement.
Un rappel historique permettra tout d'abord de mettre en lumière les principales caractéristiques de l'évolution enregistrée depuis le début de la crise : expansion plus rapide que le reste de l'industrie française, mais léger déclin dans la hiérarchie économique mondiale et approfondissement du dualisme entre secteurs « moderne » et « traditionnel » (§ 1).
Dans un deuxième temps, on cherchera à évaluer, à partir de quelques indicateurs partiels, la capacité de notre industrie d'équipement à affronter les mutations techniques et commerciales qui interviendront au cours des prochaines années (§ 2).
(*) Cet article reprend des éléments issus d'une étude réalisée au Conseil Économique et Social à laquelle l'auteur a apporté une contribution.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 40-41. 2» et 3" trimestre 1987 81