LE VERBE « VOULOIR » EN GREC
Tous les lecteurs d'Aristophane connaissent le verbe λάω « vouloir », que l'on qualifie généralement de verbe dorien, mais qui a dû être usité également dans les autres dialectes.
« Où est le sénat? où sont les prytanes? » dit l'envoyé lacé- démonien dans Lysistrata. « Je veux leur chanter quelque chose de nouveau. » Λώ τ1- ριυσίςαι, νίον.
Nous le trouvons en diverses locutions et en certaines formules juridiques. « Si tu veux. » Αν λής. — « Que cela soit loisible à qui voudra. » Έξέστω τω λώντι.
A propos de la locution αϊ λής, traitons tout de suite une question d'orthographe. On l'écrit ordinairement avec un t souscrit, λ^ς comme s'il était pour λάεις. Mais je crois qu'on a le droit de remonter à une ancienne forme ληρύ, sur le modèle de φηρ-ί, τλη|λί, et dès lors l'iota souscrit devient inutile.
En effet, nous avons affaire ici à un très ancien verbe, comme il apparaîtra par les diverses formes qu'il a prises, par les dérivés qu'il a laissés. Seulement il a fini par prendre pour modèle la conjugaison la plus nombreuse, et λής a été remplacé par λάεις comme λη-χί par λάω, λώ.
De ce verbe λημί ou λάο> « vouloir », vient le substantif λη^α « volonté », qui est sorti de la langue ordinaire, mais qui est resté dans la langue poétique. Il est employé particulièrement pour marquer une résolution forte, un acte audacieux. « Arrière, profane », s'écrie le Chœur dans Œdipe à Colone, « si grande que soit ton audace ! » "Οσον λήμ' έ'χων άφίκου, ξένε,
REG, XXIV, 1911, n° 100. 1