RECHERCHES SUR LES ASPECTS MILITAIRES DE LA CONQUETE

DU MONDE GRÉCO-HELLÉNISTIQUE PAR ROME

AU lie SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST

Michel ROUX

Les auteurs anciens, comme les modernes, ont été frappés par la rapidité de la conquête romaine en Grèce et en Orient, ainsi que par l'ampleur des défaites infligées aux armées hellénistiques, jusque-là pratiquement invincibles. Le choc fut si violent qu'un des acteurs de l'histoire de cette époque, Polybe, y consacra les quarante livres de ses « histoires » pour chercher à comprendre ces événements et les expliquer à ses contemporains. La phalange, qui avait permis à Alexandre et à ses successeurs de conquérir d'immenses territoires, accumulait défaite sur défaite face à la légion. La solution polybienne à ce problème était appelée à devenir classique : la voici1 :

« Chacun sait qu'à la phalange il faut un terrain uni et nu que ne coupe aucun obstacle tel que fossés, vallonnements, talus ou cours d'eau, car n'importe lequel de ces accidents suffit pour paralyser ou disloquer une troupe ainsi formée. » Si la phalange fut donc battue, c'est qu'elle manquait de toute souplesse manœuvrière, étant à la merci du moindre accident de terrain qui brisait son ordonnancement. Polybe2 ajoutait que son organisation tactique ne lui