LA « MIGRATION IONIENNE »

ÉTAT DE LA QUESTION1

Le problème de la migration dite « ionienne » n'est certes pas nouveau; une bibliothèque entière lui a déjà été consacrée, les textes anciens ont depuis longtemps été torturés en tous sens par les commentateurs ; et il peut paraître oiseux d'évoquer de nouveau cette question, alors que tant d'auteurs ont écrit à ce sujet sans aboutir à des conclusions fermes. Si je la reprends aujourd'hui, en hommage à la mémoire de l'un de nos deux jubilaires, G. Radet, qui, dans son grand ouvrage sur La Lydie et le monde grec au temps des Mermnades, s'intéressa aux rapports des Grecs d'Ionie et de leurs voisins asiatiques, c'est parce qu'elle a été réexaminée dans plusieurs ouvrages récents, où des solutions à vrai dire assez divergentes ont été proposées, tandis que l'exploration archéologique, qui a si heureusement progressé au cours de ces dernières années sur la côte orientale de la mer Egée, a fourni des renseignements précieux qu'il convient de confronter avec la tradition littéraire.

Cette question a, en effet, été étudiée dans son ensemble et indépendamment par F. Cassola et par M. Sakellariou 2. Certains aspects ont été abordés dans les livres d'Ed. Will et de C. Roebuck3.

Les deux premiers ouvrages sont l'un une thèse, l'autre une synthèse. Selon F. Cassola, l'arrivée des Ioniens se. confond, pour l'essentiel, avec la pénétration mycénienne en Asie Mineure : elle se placerait donc au début du xive siècle. M. Sakellariou a insisté sur l'idée qu'il ne faudrait pas parler d'une « migration ionienne 4 »,