VARIÉTÉ

LA RELIGION DE PLATON

De Belgique et de Suisse nous sont venus deux travaux importants qui nous invitent à réfléchir sur ce problème de la religion platonicienne. Œuvres, l'un d'un maître dont c'est le dernier livre, l'autre d'un nouveau venu dont c'est le premier essai, ils méritent tous deux une grande attention1. Le sujet même du premier fait que c'est celui où l'on trouve le plus d'hypothèses, parfois très incertaines, mais on y attachera du prix presque autant qu'aux analyses plus rigoureuses, aux démonstrations plus concluantes du second. Car il est fatal et il n'est pas mauvais qu'un Platon mieux connu reste pourtant encore pour nous objet de questions, sujet de recherches. Peu de figures comme la sienne nous donnent la double impression de la familiarité et du mystère et les innombrables travaux qui nous rapprochent de lui ont toujours en même temps pour résultat de nous faire apercevoir sous quelque nouvel angle une sorte d'éternelle ambiguïté. Platon est un auteur « problématique », s'il en est.

I

Le sujet que M. Reverdin s'est proposé, c'est, non pas tant le sentiment religieux de Platon, celui qui l'a accompagné dans sa vie et dans sa pensée2, que la place accordée par lui à la religion dans la Cité dont il a tracé le modèle. Cette religion, du reste, nous apparaît moins dans la République que dans les Lois. Et cela déjà est de conséquence. La cité des Lois est, on le sait, plus rapprochée des conditions réelles de la vie. Plus concrète et plus préoccupée des institutions existantes. Moins éloignée des cités que Platon connaissait en ce monde et notamment d'Athènes. La préoccupation religieuse apparaît donc au moment où