LES

NOMS DE RIVIÈRE DE LA GAULE

CHEZ L'ANONYME DE RAVENNE

La cosmographie du Ravennate a laissé le champ libre à bien des hypothèses, en ce qui concerne l'époque et les conditions de sa rédaction. Aux yeux d'Ernest Desjardins, elle ne serait pas antérieure au temps de Charlemagne 1 ; pour M. Albert Grenier, au contraire, elle daterait de la Renaissance carolingienne et serait l'œuvre d'un moine du ixe siècle, abrégeant des documents du ve siècle2. De plus, on a supposé qu'elle aurait été inspirée en grande partie par une carte antique du monde romain, différente des itinéraires connus. On croit que celle-ci mentionnait un assez grand nombre de rivières et qu'elle avait été remaniée à l'époque mérovingienne pour tenir compte d'appellations nouvelles.

Je me suis proposé d'examiner ces hypothèses, en étudiant seulement les noms de cours d'eau de la Gaule chez notre cosmographe, à l'exclusion des noms de villes, pourtant beaucoup plus abondants. D'aucuns s'étonneront peut-être de ce procédé ; mais j'espère que les constatations de cette étude critique permettront de justifier une manière de faire qui n'a rien d'artificiel. Je pourrai ainsi montrer que ces renseignements hydronymiques ne proviennent pas d'un seul document ; plusieurs dénominations fluviales reflètent, en effet, l'état de la langue vulgaire du vne siècle, d'autres celle du ixe siècle. En outre, à la condition d'utiliser cette compilation avec les réserves nécessaires ou des corrections évidentes, on trouvera de bonnes indications sur la transcription mérovingienne des hydronymes antiques, et l'on se rendra compte de la façon dont le Ravennate a élaboré cette partie de son œuvre.

Les noms de cours d'eau qu'il nous offre sont malheureusement