LA VÉNUS DE VOLUBILIS

Cette statue de Vénus appartient au groupe des Vénus dites marines, à cause du dauphin qui les accompagne, ou Vénus pudiques, à cause de leur geste de baigneuse surprise, groupe représenté par de multiples exemplaires dans tous les musées d'Europe et qui forme la descendance plus ou moins réussie de deux œuvres célèbres : l'Aphrodite de Cnide, attribuée à Praxitèle, et la Vénus Médicis, qui serait sortie de l'atelier de Lysippe. La nôtre a été trouvée à Volubilis en 1920 dans une tour de l'enceinte.

Le groupe est en marbre blanc soigneusement poli. Il se compose de trois personnages : un principal, Vénus naturellement, et deux accessoires, le dauphin qui se dresse à côté d'elle, et le petit Èros, qui, drôlement juché sur la tête du poisson, contemple sa mère 1. Une nous est point parvenu intact; il manque à Vénus la tête, l'épaule et la main gauches, la main, l'avant-bras et le coude droits ; le reste du corps était lui-même brisé en deux morceaux. A Èros, il manque les deux bras ; au dauphin, la queue (voir planche II). On peut néanmoins, grâce aux multiples exemplaires de groupes apparentés, restituer le geste de Vénus : la main droite à hauteur des seins, la main gauche à hauteur de l'aine, la tête sans doute légèrement tournée à gauche.

Il n'entre pas dans notre sujet de retracer l'évolution de ce type de Vénus à propos de notre statue ; nous voudrions seulement en étudier les principaux caractères pour la remettre si possible à sa place dans cette série. Il ne faut pas nous le dissimuler d'ailleurs, et la chose éclate au premier coup d'oeil, nous sommes en présence non point d'une œuvre originale, loin de là, ni même d'une réplique, mais d'une copie, peut-être copie de copie, faite à l'époque romaine à l'usage d'amateurs provinciaux.

Vénus repose sur la jambe gauche, le pied bien à plat, adhérant solidement au sol. La jambe droite est légèrement fléchie, comme abandonnée, le pied en arrière ; le talon légèrement soulevé, la