VARIÉTÉS

Notes sur le Timée de Platon à propos d'une édition récente.

Platon, Œuvres complètes, tome X : Timée-Critias , texte établi et traduit par Albert Rivaud (Collection des Universités de France), 1925

De toutes les œuvres de Platon qu'a déjà publiées la Collection des Universités de France, le Timée est bien, sans doute, une de celles qu'il devait être le plus malaisé de faire tenir dans le cadre de ses éditions. Car, en présence d'un texte aussi riche en notions techniques puisées aux sources les plus variées, aussi déconcertant pour le lecteur moderne, d'une pensée dont la hardiesse extraordinaire, souvent nuancée d'ironie, a pourtant obtenu de presque tous les esprits cultivés quinze siècles de reverente soumission et de pieuse docilité, et qu'anciens et modernes ont surchargée à l'envi d'interprétations et de discussions abstruses, — que peut la traduction la plus soigneuse, si elle n'a pas le droit de fournir sur les passages lea plus importants, qui sont souvent aussi les plus obscurs, les renseignements d'ordre astronomique ou musical, industriel, médical qui en laissent deviner plus ou moins sûrement le vrai sens ? Besogne complexe et lourde entre toutes, qui exige, d'abord, un apprentissage de tout ce qui nous a été transmis de l'état des sciences et des disciplines techniques au iv* siècle : avec les travaux de Boeckh 1, l'édition- traduction longuement commentée de Th. Henri Martin2, — livre déjà vieux, mais véritablement exemplaire par l'étendue et la solidité de l'information, el qui aurait mérité de susciter plus d'émulés parmi les historiens de la pensée antique, — celle d'Archer-Hind 3 en ont montré à la fois l'ampleur, la difficulté et le prix.