A PROPOS DE DEUX INSCRIPTIONS DE THASÔS
Dans le précédent numéro de la Revue des Études anciennes*, M. P. Roussel a critiqué certaines restitutions ou interprétations que j'avais présentées à propos de deux inscriptions thasiennesa. Ses observations judicieuses m'ont pleinement convaincu sur un point. Il s'agit du premier texte, où une conjecture plus heureuse que la mienne fait reparaître le nom du héros Théagénès. J'avais eu tort de ne pas songer d'abord à cet athlète irascible 3, qui, né lui-même, selon la légende, d'un dieu épiphane*, passa pour vivre jusqu'après sa mort sous l'apparente immobilité d'une statue de bronze. Théagénès a certes droit à l'épithète επιφανής, et, puisqu'il faisait des guérisonsS, l'ex-voto d'A. Licinius trouve une explication claire 6. Je renonce donc à ma restitution ευμενής, et aux déductions que j'avais cru pouvoir en tirer à propos du culte d'Artémis Pôlô.
i. T. XIV, 1913, p. 377-381.
a. Cf. Xenia, Hommage internat, à l'Université nationale de Grèce, Athènes, igia, 1" partie, p. 67 à 86. Depuis la publication de ma note, j'ai pu prendre connaissance d'un intéressant travail de M. R. Herzog» Auf den Sparen der Telesala, paru dans le Philologue, t. LXXI (19 13), p. 1 et suiv. ; l'auteur annonce une étude d'ensemble sur l'Epiphanie dans Γ Antiquité ; c'est le sujet pour lequel j'avais commencé à préparer quelques matériaux. M. Herzog donne une nouvelle lecture de l'inscription d'Argos, publiée par M. Vollgraff (BCH, XXXII (1908), p. a3è-a58), inscription pour laquelle j'avais proposé moi-même une correction. J'avoue que je suis un peu embarrassé devant la divergence totale des transcriptions présentées par les deux éditeurs ; comme je n'ai pas directement examiné la pierre, je ne saurais prendre parti ; il me semble pourtant qu'à la ligne a (1. 3 de M. Herzog) je déchiffre à la loupe, sur l'excellente phototypie du Philologas, les lettres ΙΙΦΑΝΕΙ", qui seraient conformes à ma conjecture ; je reste un peu sceptique à propos de formes comme Ot'ocot pour Qiaeot, puisqu'on trouve à côté θυσίαν, έξηλασε. — A propos des θεοί επιφανείς, je signale ici un document important, dont la publication, malheureusement, est encore attendue : c'est une inscription de Lindos, relative à l'histoire du temple d'Athéna (gravée sous le prêtre Téieylos, au 1" siècle av. J.-C) ; l'inscription contient un compte rendu des apparitions delà déesse (cf. Kinch, Expiar, arehéol. de Rhodes, I V· Rapport, p. ¿5-46).
3. Sur ses aventures et sa violence, cf. Pausanias, 1. VI> ch. XI, passim,
4. L'Héraklès thasien ; cf. Pausanias, ibid., 2.
5. Cf. P. Roussel, I. l., p. 379.
6. M. C. Fredrich./lf/ien.Jfitt., XXIII (1908), p. a34, ditque la statue de Théagénès à Thasos se trouvait sur l'Agora ; je ne vois pas cette indication dans le texte de Pausanias, auquel M. C. Fredrich renvoie ; peut-être l'anecdote de la statue enlevée par Théagénès enfant sur l'Agora (Pausan., ibid., 3) aura-t-elle amené par confusion cette hypothèse.
