UN ORACLE DESCULAPE

La lampe que reproduit la pi. XIII provient d'Almendralejo près de Mérida. Elle appartient aujourd'hui à mon ami M. Pierre Paris, que je remercie chaudement de me l'avoir communiquée. Elle n'offre, au premier abord, rien de remarquable. C'est une lampe en terre cuite, de type très banal. Aucune signature. Sur le disque, l'image d'un coq, dans un encadrement de feuillages. Mais voici une particularité que je crois unique. Sur le pourtour du revers, on lit l'insoription ηβ ι, en caractères en relief, très faiblement tracés. C'est une inscription en caractères cursifs, que j'interprète ainsi :

oraclum pridie nonas sep(tembres).

L'inscription se présentant sur la lampe en relief, c'est qu'elle a été gravée en creux sur le moule de l'objet. Et ce moule ayant dû servir à former plusieurs lampes similaires, toutes portant donc la même inscription, je suppose que ces lampes, avec leur inscription, auront été faites pour commémorer quelque oracle, rendu par une divinité la veille des nones de septembre. Comme d'autre part le mois de septembre est le mois cher à Esculape, que le disque de cette lampe figure un coq, animal également cher à ce même Esculape, je suppose que la divinité de l'oracle en question n'est autre que le dieu de la médecine, célèbre par ses oracles. Et en dernière analyse, voici ce que je crois. Esculape, dans un temple à lui consacré, se sera manifesté par un de ses oracles coutumiers, un jour de septembre. Un des marchands du temple aura fait aussitôt mouler et graver des lampes pour commémorer cet événement. Et les dévots présents auront emporté ces lampes comme souvenir.

Au centre du revers je crois apercevoir les signes de 'l'inscription n° a. J'ai pensé tout de suite à une date consulaire. Toutefois, les signes sont trop peu nets pour qu'on puisse affirmer rien de précis. Camille JULLIAN.