Jérôme VIARD et Djama ISMAËL YOUSSOUF
Les relations entre élasticité et dureté
dans le Traité de Dynamique
sont-elles compatibles avec celles
de Y Encyclopédie ?
Application à la « déduction » des lois du choc des corps élastiques de celles du choc des corps durs.
Deux définitions de la dureté contradictoires ?
Malgré le souci affirmé par D'Alembert dans son discours préliminaire du Traité de Dynamique non seulement « de reculer les limites de la Méchanique » mais aussi « d'en aplanir l'abord » {Traité de Dynamique, 2e édition, 17581, Discours Préliminaire p. iv), certains passages de ce traité, pourtant limpides en apparence, se révèlent d'une interprétation délicate pour un lecteur du XXe siècle. Nous prenons comme exemple ici un passage du Traité dans lequel D'Alembert entend montrer l'application de son Principe à la « déduction » des lois du choc des corps élastiques de celles du choc des corps durs. La difficulté à laquelle nous faisons référence n'est pas d'ordre technique mais d'ordre conceptuel. La dureté des corps parfaitement durs à laquelle se réfère D'Alembert dans le Traité de Dynamique a depuis longtemps disparu de l'univers intellectuel du physicien d'aujourd'hui. Selon un commentateur, elle est « inconcevable aujourd'hui même comme une simple idée » (Scott, 1959).
Qu'à cela ne tienne pourra objecter le lecteur obstiné, pour comprendre la pensée de D'Alembert dans le Traité de Dynamique il suffit de lire les explications de D'Alembert dans Y Encyclopédie, puisque la 2e édition du Traité renvoie souvent à Y Encyclopédie. En effet, les 7 premiers
1. L'édition de 1758 faisant suite à une première édition parue en 1743, c'est à la seconde édition que nous nous référerons désormais dans la suite de l'article, sans plus de précision, bien que le passage du Traité que nous étudierons en détail soit commun aux deux éditions.
Recherches sur Diderot et sur V Encyclopédie, 22, avril 1997
